Simone Artuk (Istanbul) Sagesse et folie dans les Histoires de Till Ulenspiegel de 1515 et de Charles de CosterWisdom and Madness in the Ulenspiegel Tales (1515) and in C. de Coster's Ulenspiegel Legend 1 Remarques sur l'attitude humoristiqueTill Ulenspiegel compte pour un des humoristes allemands les plus célèbres – à côté de Wilhelm Busch (1832–1908), auteur de "Max et Maurice" (1865) et de Christian Morgenstern (1871–1914) avec ses Chansons de la Potence. Ses Histoires comme toutes les créations humoristiques cherchent à rendre la réalité plus supportable, une réalité qui à la veille de la Deuxième Guerre mondiale n'était pas moins opprimante qu'au siècle de la publication des Histoires d'Ulenspiegel. Par l'assimilation humoristique par laquelle les aspects plaisants et insolites de la réalité sont dégagés le monde où nous vivons devient plus passable ou satisfaisante.1 L'existence peut être pleine d'adversités et de troubles socio-économiques. La certitude fondamentale que malgré toute la misère tout est bon, peut faire rire les hommes. Aussi gênantes que soient les circonstances et les conventions sociales, elles sont mises en question car rien de terrestre, rien d'humain n'est parfait (Lersch 1964: 343).2 La distance humoristique, une perspective inaccoutumée font disparaître un peu au moins les conditions misérables pour mettre en relief les absurdités et les énigmes de la condition humaine. L'humour se manifeste là où les hommes sont confrontés à des émotions négatives telles que la peur et la détresse. La critique que l'humour noir fait voir, naît dans la perspective d'un homme aux marges de la réalité; des tabous quelconques ne sont pas un obstacle: au contraire, il met en question ce qui est d'habitude accepté par tout le monde: vérités, lois morales, religion, autorités et rend plus net ce qui est important /essentiel, mais négativement, c'est-à-dire au sens de l'envers.3 La "contemplation méprisante de ce rien qu'est l'existence elle-même" part de la découverte de la fragilité et de l'imperfection de l'existence humaine, à savoir de la conscience de la finitude de la vie humaine. Comme le dit Foucault, "L'effroi devant cette limite absolue de la mort s'intériorise dans une ironie continue; on le désarme par avance; on le rend lui-même dérisoire" (Foucault 1972: 26). Par la représentation des ridicules de la vie, spectacle pur, la mort perd aussi de son sérieux. PhiN 36/2006: 2 1.1 Les "Histoires d'Ulenspiegel" de 15154Till Eulenspiegel était une personne historique qui mourut pendant la grande peste de 1350. Le nom de "Eulenspiegel", en bas allemand "Ulenspiegel", vient probablement de "ulen" (balayer) et de "Spiegel" ("miroir", dans le langage de la chasse: "moucheture"). Fils de paysans de la région de Brunswick, il était un bouffon professionnel. Ses aventures burlesques auxquelles d'autres friponneries furent ajoutées, donnèrent naissance à un livre composé vers 1480 en Allemagne septentrionale, ouvrage perdu depuis ( comp. Laffont-Bompiani 1960: sous "Till Eulenspiegel"). Aujourd'hui on prend pour base l'édition complète de Strasbourg de 1515 avec 95 histoires et 87 gravures.Comme Ulenspiegel historique vivait en Saxe on pensait longtemps que l'auteur de ses "Histoires" est aussi à chercher en Allemagne septentrionale. Mais d'après Wunderlich (1979) tous les essais de trouver un texte original écrit en bas allemand ou de reconstituer le texte original échouaient. Dans la préface aux Histoires d'Ulenspiegel l'auteur ne nomme pas son nom, c'est sûrement par prudence qu'il préférait rester anonyme. À cause des représailles et des sanctions au cas d'une transgression des prescriptions de la censure l'auteur de la préface aux Histoires d'Ulenspiegel se sert du concept poétologique de la delectatio (amusement) pour ne pas irriter les autorités publiques (Schulz-Grobert 1999: 88ss). Cette Préface dépend du Prologue à l'épopée" Wigalois" (1483) dont la première édition en prose – Wigoleis vom Rade – apparut en 1493 à Augsburg (comp. Flood 1976). L'excuse préliminaire ostentative dans les écrits satiriques du XVIe siècle remonte à la rhétorique antique, à l'Intitutio oratoria (VI, 3, 28) de Quintilien (Comp. Schulz-Grobert 1999: 238). Dans la préface il dit aussi d'avoir enrichi le recueil des Histoires par des fables ("Fabulen") du Curé d' Amis et du Curé de Kalenberg: les épisodes de la guérison des malades à Nuremberg (H 17), avec le landgrave de Hesse (H 27), l'examination à l'université de Prague (H 28) par exemple ont des modèles chez Stricker et quelques histoires comme la scène à Magdeburg (vol) (H 14) et l'épisode sur le roi de Danmark (H 23) sont pris du Curé de Kalenberg.5 Où, face à la rédaction du texte de 1515 (de Strasbourg) en haut-allemand, l'auteur des Histoires d'Ulenspiegel dont la plupart sont réunies en Allemagne septentrionale est-t-il à localiser? Est-il à cause de ses connaissances géographiques et historiques détaillées à chercher dans la région de Brunswick? L'auteur qui était versé dans le bas allemand se servait pour la rédaction des histoires probablement du haut allemand qui de plus en plus se faisait valoir. On peut rencontrer çà et là des formes du bas allemand.6 À cause des concordances nombreuses entre ce texte et les écrits de Hermann Bote, chroniste de Brunswick, P. Honegger considérait H. Bote comme auteur des Histoires d'Ulenspiegel. Mais d'après Wiswe il est tout à fait invraisemblable que Bote, auteur d'écrits rédigés tous en pur bas allemand, ait rédigé Ulenspiegel. Grâce à l'expansion et à la propagation du bas allemand comme langue commerciale de la Hanse – les impressions en bas allemand trouvées à Augsburg, Bâle, Erfurt, Frankfurt a.M., Nuremberg, Strasbourg l'attestent – il n'exisait pour H. Bote pas de raison pour une préférence du haut allemand. C'est ainsi qu'une traduction en haut allemand fait par un tiers est plus vraisemblable. L'assomption d'un lien entre la topographie fictionale du contexte narratif et ses dimensions historiques/réelles est mise en question par Schulz-Grobert, car les connaissances topographiques détaillées ne sont pas restreintes aux environs de Brunswick (Schulz-Grobert 1999: 292). PhiN 36/2006: 3 D'après les recherches de Schulz-Grobert le spectre des sources potentielles du livre d'Ulenspiegel est grand: pour 50 % des histoires d'Ulenspiegel il existe des versions parallèles, mais comme Schulz-Grobert met en relief: il n'y a aucune source de tradition narrative en haut ou en bas allemand. Au sud, cependant, il existe deux centres de traditions: Nuremberg et Strasbourg (haut allemand occidental) – dont l'un, Strasbourg,est le lieu d'impression des Histoires d'Ulenspiegel qui est donc d'un grand intérêt. (Schulz-Grobert 1999: 228ss). Pour Schulz-Grobert aussi Hermann Bote n'est pas l'auteur des Histoires d'Ulenspiegel: La couleur locale de quelques Histoires qui en outre témoignent de bonnes connaissances géographiques faisait penser à Hermann Bote. L'existence d'une tradition d'Ulenspiegel avant la parution de la première version imprimée de Strasbourg est vraisemblable à cause d'une correspondance latine de deux membres de la curé pontificale, tous les deux nés en Basse-Saxe (pendant leur séjour en Italie) où le nom d'Ulenspiegel devient sujet de réflexion savante.7 L'existence d'un manuscrit d'Ulenspiegel des débuts du XVesiècle relativise la conception d'un seul auteur des Histoires et fait penser à une époque de gestation en grande partie vague. L'environnement culturel de Strasbourg, lieu de publication des Histoires d'Ulenspiegel, semble jouer un grand rôle; c'est ici que l'élite littéraire et intellectuelle du début du XVIe siècle se trouvait. Probablement on peut considérer Thomas Murner, humaniste franciscain, comme auteur des Histoires, car comme prédicateur il pourrait employer un héro de contes plaisants vus comme véhicules pour la communication de valeurs morales (Schulz-Grobert 1999: 22ss.). Dans ce cas-là il serait bien probable comme pense R. Krohn (1984: 28) que les humanistes du Haut-Rhin entre Bâle et Strasbourg avaient une part quelconque à la satire de la science dans les Histoires d'Ulenspiegel (H 28). La proximité intellectuelle aux écrits de Sebastian Brant (Nef des Fou), d'Erasme (L'Eloge de la folie) et de Thomas Murner (La Conjuration de fous) est évidente et il semble être irréfutable que les passages en question en fussent ajoutés pour l'impression strasbourgeoise. Les Histoires de Ulenspiegel ne forment pas un recueil plus ou moins fortuit d'histoires, mais une suite d'aventures et d'expériences dont résulte une intrigue continue simple. L'auteur concevait peut-être d'abord ce livre comme histoire d'un vagabond, orientée à des données géographiques. Mais un autre principe de classification des Histoires est aussi à reconnaître, à savoir la disposition des Histoires d'après les métiers: les boulangers, les saltimbanques et les bouffons, les cordonniers, les couturiers, les pelletiers et les tanniers. La coordination des Histoires à des représentants de la société (pape, roi, duc, marquis, artisans, paysans etc.) n'est pas fortuite, mais montre, au contraire, des parallélismes à d'autres oeuvres de la littérature du miroir: comme par exemple aux miroirs des états et aux danses macabres.8 PhiN 36/2006: 4 Les Histoires d'Ulenspiegel, à insérer dans la tradition des contes plaisants allemands ("Schwänke"), sont des récits brefs au contenu drôle (impostures, des trompeurs trompés, l'infidélité conjugale etc), souvent grossier. Malgré leur tendance instructive ils sont impartiaux. à l'époque de la Réforme où ils étaient en vogue et où ils prenaient recours à des matières préférées du Moyen Age, surtout de la fin du XIIe siècle (Le curé de Kalenberg et Schildbürger). Au XVIe siècle les contes plaisants ne sont plus seulement des écrits didactiques en prose, mais expriment de plus en plus l'esprit de la bourgeoisie en plein développement et décrivent le procès de sa prise de conscience. Tandis qu' au Moyen Age la plupart des contes plaisants, groupés autour des personnes légendaires telles (Ulenspiegel) et écrits en vers, servaient plus ou moins à l'amusement et au divertissement des cercles nobles et patriciens les contes plaisants des XVe et XVIe siècles, écrits en prose, sont adressés le plus souvent à la moyenne ou à la petite bourgeoisie. Leur popularité résultait du comique de situation, des traits humoristes parodiques, burlesque, de leur réalisme parfois grossier (aussi des éléments obscènes). Un humour, irrespectueux et insolent, était au début des Temps modernes (XIVe et XVe siècles) un instrument des classes citadines dans leur lutte de maintenance contre les autorités de l'Eglise et de l'aristocratie car le rire – grâce à sa fonction de nivellement – élève celui qui rit et rabaisse ceux dont on rit.9 Les contes plaisants du début des Temps Modernes n'étaient pas la seule source des Histoires d'Ulenspiegel. L'influence de la rhétorique de Quintilien (Institutio oratoria) n'est pas à sous-estimer. Car cette oeuvre était bien connue aux cercles des humanistes strasbourgeois (Jacob Wimpheling et Thomas Murner ) et offre un tableau différencié du genre littéraire de l'éloge (funèbre) (laudatio) et de la réprimande (vituperatio) où Quintilien établit une série de topoi caractéristiques (Institutio oratoria, III 7,1 7,10).10 Dans ce genre littéraire antique la finitude de la nature humaine forme automatiquement le principe de la représentation biographique de certains types d'épisodes qui sont constitutifs pour les Vitae du héro picaresque tel qu'il est décrit dans la version strasbourgeoise des Histoires d'Ulenspiegel. Les faits et les méfaits d'Ulenspiegel ressemblent aux traits les plus caractéristiques de l'éloge et de la réprimande d'une personne, traitées par Quintilien au niveau de sa théorie systématique de l'Institutio oratoria (Schulz-Grobert 1999: 151ss). Il existe beaucoup de parallélismes à des textes latins, surtout du type de la facétie, parallélismes qui compliquent l'entreprise de quelches chercheurs d'attribuer le livre d'Ulenspiegel au chroniste Hermann Bote. L'Histoire 13 où à l'occasion des matines pascales Ulenspiegel, dans la fonction d'un sacristain organise un jeu de Pâques. Cette Histoire révèle malgré la distanciation et la minimalisation une grande proximité à la Visitatio Sepulchri. Une influence italienne aussi est à constater, comme par exemple l'influence potentielle du Liber facetiarum de l'humaniste florentin Gian Francesco Poggio Bracciolini (1380–1459). De grandes ressemblances au recueil médiéval Mensa philosophica, en général des parallélismes à la littérature médiévale des "Exempla" entrent d'après Schulz-Grobert en ligne de compte. L'Histoire 93 qui montre comme Ulenspiegel dans son testament même se moque des notables de Mollen par la présentation d'une caisse pleine de pierres, est un truc raconté dans la Disciplina clericalis, recueil d'Exemples médiéval servant à la préparation des sermons. La longue tradition des fabliaux français y laissait sûrement des traces, surtout les différentes versions des fabliaux médiévaux très populaires sur la guérison de malades dont le plus ancien est Du Vilain mire en francique.11 PhiN 36/2006: 5 Beaucoup des Histoires d'Ulenspiegel se trouvent dans des traditions haut-allemandes dont l'accumulation à Strasbourg au début du XVIe siècle n'est pas à négliger ou à ignorer car dans l'espace linguistique occidental du haut-allemand il existe des traditions continues de textes correspondants aux contes plaisants (Schulz-Grobert 1999: 216ss) comme par exemple la tradition de l'hagiographie et des légendes en langue populaire; car comme forme d'organisation narrative les Histoires d' Ulenspiegel, une forme de biographie – Vita – révèlent les principes constitutifs de textes populaires de la deuxième moitié du Moyen Âge. C'est caractéristique pour la biographie des légendes que la série de leurs épisodes entre deux points de repère biographiques n'est pas hiérarchisée, obligatoire (Schulz-Grobert 1999: 34). La structure des légendes médiévales peut aussi être vue comme clé au monde à l'envers des Histoires d'Ulenspiegel. Des motifs typiques de ce genre littéraire ne sont pas adoptés affirmativement, mais à cause des intérêts parodiques des Histoires ils sont utilisés subversivement: le départ du héro qui est parodié dans l'Histoire 9: Ulenspiegel est enlevé – par hasard –en état d'ivresse tandis que les héros des légendes poursuivent un but, éprouvent une mission supérieure (Schulz-Grobert 1999: 177ss). 1.2 Tyll Ulenspiegel de Charles de CosterDans "La légende de Ulenspiegel et de Lamme Goedzack au pays de Flandres et ailleurs" (1867)12 de l'écrivain belge Charles de Coster (1827–1879) Ulenspiegel devient après l'exécution de son père un symbole spirituel de lutte, "symbole de la révolte populaire flamande contre la domination espagnole" de Charles Quint et de Philippe II.13 Grâce à ses études de la littérature et de l'histoire à l'université de Bruxelles il était en état de rédiger des écrits en français archaique, imité de Rabelais, pour transposer fidèlement les aventures de ses personnages qu'il choisissait avec prédilection aux XVIe et XVIIe siècles. Son "Thyl Ulenspiegel" de 1867, "La légende et les aventures d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzack ", étaient entièrement écrits dans cette langue truculente. Le personnage populaire de l'ancienne littérature germanique constitue ainsi une des bases du folklore historique de la Flandre. En tant qu'historien Charles de Coster a pris ses sources dans des documents authentiques. Quelques chansons telles que "La chanson des Gueux" et la "Chanson des Traîtres" sont des interprétations de "vieux Lieder du XVIe siècle", écho des luttes populaires et d'événements tragiques si réels.14 PhiN 36/2006: 6 Dans un temps où, comme on disait, le roi jouit de la confiscation et "fait volontiers aux riches des procès pour cause d'hérésie" (L 110) le père d'Ulenspiegel (Claes) est au cours des poursuites des réformés sous l'inquisiteur Titelman (doyen de Renaix, surnommé "l'Inquisiteur") condamné à mort par un tribunal d'inquisition pour cause de simonie et d'hérésie contre la volonté de la population (L 108ss.). Après l'exécution de son père à la fin du premier Livre de la Légende Ulenspiegel se distancie de la pure gausserie et s'engage dans des activités sociales pour améliorer la situation misérable des gueux. Mis aux prises avec l'Inquisition espagnole il devient dans l'oeuvre de Coster le symbole du peuple flamand dans sa résistance à la domination espagnole,15 car à l'époque décrite par Coster, à savoir au XVIe siècle, la Flandre souffre immensément du joug de la couronne espagnole et de l'Eglise. Des activités d'émancipation de la bourgeoisie d'une part et l'expansion des idés réformistes et humanistes d'autre part créaient des troubles sociaux en face desquels quelques comtes flamands cherchaient l'alliance des rois de France. Le problème de la liberté religieuse, la défense des privilèges de la bourgeoisie et le réflexe national se trouvaient au coeur de la révolte contre Charles Quint et Philippe II, roi d'Espagne, qui – au nom de l'Inquisition – s'engageaient pour la poursuite d'hérétiques traités de "gueux" et pour une véritable Réforme catholique. C'était le prince d'Orange à qui Charles Coster attribuait un rôle important, qui réussissait à récruter les armées des gueux.16 Charles de Coster insère de temps en temps des tableaux historiques où sont esquissés la terreur, le carnage monstrueux fait par l'Eglise au nom de la religion. Il décrit par exemple un procès contre les sorcières, procès contre Catheline (L 323ss.): "[...] partout où passait terrifié le pauvre Ulenspiegel, il ne voyait que des têtes sur des poteaux, des jeunes filles mises dans des sacs et jetées toutes vives à la rivière [...]." (L 42) Ulenspiegel, loin d'amuser les hommes, "ayant peur et douleur, cheminait sur la pauvre terre" (L 42). Il se montre ici que l'image d'Ulenspiegel que Charles Coster y présente, correspond à l'arlequin riant les yeux pleins de larmes, à l'arlequin triste de P. Picasso. Voyant la Terreur que l'Eglise fait régner sur les croyants les Gueux de Zélande n'ont pas honte de déclarer: "Plutôt servir le Turc que le pape" (L 311), représentant d'une Eglise "qui brûle ses enfants" (L 233). Le pouvoir séculier, représenté par Philippe II, roi d'Espagne, est attaqué de la même manière (ferveur). Les phrases d'une surprenante brièveté dessinent un roi d'une âme si pétrifiée qu'il est étranger à tout sentiment humain. La répétition nombreuse de "ne pleura point" en forme d'un refrain (L 236s.) souligne l'inexorabilité du roi qui souvent est comparé à un animal, à une "hyène vivant de cadavres" par exemple. La dépravation morale du monarque espagnol et de sa famille est illustrée par des descriptions minutieuses de la dégradation des fonctions physiques (L 236s.). PhiN 36/2006: 7 2 En marge de la société: l'espace de Ulenspiegel2.1 Ulenspiegel, prototype du fouUlenspiegel (textuellement: miroir aux chouettes, personne légendaire d'origine allemande), le fou de la tradition du Moyen Age finissant n'est pas seulement auteur de friponneries et de trucs, mais il est une figure marginale sociale, une personne qui démasque les structures, les conventions et les mensonges de l'ordre établi social, par son rire malin et sa critique mordante. En tant que prototype du fou ("Nar","Dor") Ulenspiegel est une figure contradictoire. Le caractère oscillant qu'il présente au lecteur, témoigne d'une personne infantile maligne et obscène qui est fixée à son corps (excrétion) d'une part et d'un esprit calculateur rationnel, impitoyable et imposteur. Ulenspiegel représente, globalement parlé, les facettes chatoyantes de la mentalité (pré-)bourgeoise à l'époque transitoire du Moyen Age finissant aux débuts des Temps Modernes (comp. Wunderlich 1979: 13ss.). La hantise de l'imagination de l'homme occidental par le visage de la folie à partir du XVe siècle s'explique par l'inquiétude véhémente du néant de l'existence qui saisissait l'homme et qui envahissait sa conscience. Par cette menace existentielle l'homme, avec amertume et horreur, se rend compte de la vertigineuse déraison du monde. A l'horizon de cette constellation c'est comme dénonciation de la folie que se présente vers la fin du Moyen Age la critique:
Les confusions que le fou de la Cour jette dans le public, éveillent des doutes sur ce qui est et ce qui apparaît; elles donnent naissance à la perte des rapports normaux aux choses; c'est ainsi qu'en jouant le fou peut se venger du manque de responsabilité morale envers sa personne (comp. Willeford 1969: 34). Ce n'est pas toujours simple de distinguer nettement de raison et de déraison, de sagesse et de folie. La méthode de séparer les fous des hommes sages, proposée par le docteur de l'épiscope de Magdeburg, est peut-être convenable, mais "qui sont les sages qui se croient sages? "Wer seint die Weisen, die sich beduncken, sie seint weiß" (H 15). La croyance absurde, folle de la population de Magdeburg qu'il puisse voler est pour Ulenspiegel une occasion pour faire une révision de ses idées: Pensant toujours qu'il n'y a pas de fous ("Thor", "Nar") au monde sauf lui il se sent obligé de reconnaître que toute cette ville est pleine de fous: "Ich meinte, es wär kein Thor oder Nar mer in der Welt dann ich. So sih ich wol, daz hie schier die gantz Stat voll Thoren ist". Un homme de bon sens aurait compris que faute d'ailes, il ne pourra pas voler (H 14). PhiN 36/2006: 8 L'humour de cette histoire repose sur un renversement brusque (abrupt) des choses qui oblige les hommes à une rédéfinition de la réalité car "ce qui semble être la réalité peut être présenté sous des traits de l'irréalité". Le dénouement final qui provoque le rire, fait reconnaître un paradoxe stupéfiant: à savoir le paradoxe que "le réel est irréel et l'irréel est réel."17 Ce n'est que "grâce à une expérience pratique, à une leçon d'Ulenspiegel que le docteur reconnaît que quelqu'un – comme lui – peut être rendu sage par un fou. En outre, il n'est pas opportun de ne pas se soucier des fous car personne n'est si sage qu'il ne devait pas connaître aussi des fous. Et: s'il n'y avait pas de fous, comment pourrait-on reconnaître les sages: "Und niemant ist so weiß, er sol Thoren auch kennen. Unnd wann niemant kein Nar wär, wabei wolt man dann die Weisen kennen"(H 15). La folie comme un mélange bizarre de lucidité et de confusion mentale est représentée par Coster (L 94) par l'image de la "cervelle de fou" dont la moitié [est] à l'ombre et l'autre au soleil". Il reprend ici la métaphorique traditionnelle de la lumière pour expliquer le procès de connaissance.18 L'idée de Cicéron qu'il y a partout des fous ("stultorum plena sunt omnia") et que le nombre des fous est infini ("stultorum infinitus est numerus") (comp. Willeford 1969: 30) est partagée aussi par Uylenspiegel de Charles Coster (L 166). Tout fou est démarqué, délimité de ce que nous nommons l'arrière-fond non-fou: sinon il ressemblera au chat noir du philosophe. Nous ne voyons que ce fou sans voir le fou ou les fous que nous sommes. Notre aveuglement vis-à-vis eux signifie que notre perception de ce fou est une illusion. Notre cécité à voir notre propre folie nous fait reconnaître que notre perception des fous est une illusion. L'idée de l'omniprésence des fous exprime la circonstance fatale que tout homme peut se faire fou. Cette possibilité (probabilité) et la menace et la (promise) de la folie comme une mise en scène ou un fou est représenté comme fou (comp. Willeford 1969: 30). Non seulement à l'époque de la Renaissance mais aussi à nos jours l'impression de l'univocité spécieuse de la distinction entre "fou" et "non-fou" suscite des doutes. Car, attribués à une personne, ces termes perdent pratiquement leur sens en tant que ce n'est que grâce à un contexte qu'une communication est absurde et intenable (situation interpersonnelle, présupposée de l'observateur).19 La virtualité d'être fou appartient à notre nature humaine. La folie d'une personne peut être regardée comme accidentelle (au sens philosophique), comme aberration d'un rôle. Le rôle non-fou se prête ainsi comme expression de ce qu'une personne est essentiellement. Nous pouvons, cependant, regarder ce rôle comme aberration (Willeford 1969: 31).
2.2 Ulenspiegel, homme marginalLes héros des Histoires allemandes et de Coster sont des hommes marginaux dont l'existence est déterminée par l'inconstance des conditions de vie. L'un comme l'autre appartient au groupe des vauriens et des fourbes qui sont à la charge des autres et qui mettent en péril l'ordre de la chose publique. Ils sont des vagabonds qui à cause de l'accumulation du capital étaient abandonnés à existence aux carrefours du monde pour végéter ici comme escrocs et mendiants. Une telle vie hors de la protection du collectif était dangereuse car comme aujourd'hui les vagabonds étaient criminalisés de la part des autorités publiques et territoriales (comp. Sosseh 2005). Mais comment un fripon, un malfaiteur, pouvait-il servir de figure d'identification littéraire pour la bourgeoisie en développement, fonction exercée par le chevalier de l'aristocratie médiévale? (ibd.) PhiN 36/2006: 9 Le fripon faisait emploi des fissures, des points de rupture nés par les changements économiques et sociaux structurels aux XVe et XVIe siècles pour conjurer par son comportement le chaos, le règne du mal. En se dérobant aux valeurs et aux normes de la société traditionnelle et en s'orientant partiellement aux schémata d'action futurs il nourrissait les peurs du futur de ses contemporains.20 La carrière d'Ulenspiegel commence au texte allemand comme au roman de Coster dans la scène où, sur la croupe du cheval (de l'âne) de son père, l'enfant Ulenspiegel montrait aux pèlerins son faux-visage (L 15). Sans mot dire, à cause de ses gestes irritants (tirer la langue) le petit Thyl est intitulé par la population "vaurien". Son père, convaincu de son innocence, a pitié de lui et dit: "Tu es donc né dans un bien mal-heureux jour, car tu es assis devant moi, tu ne fais tort à personne et ils veulent t'assommer" (H 16). Dans l'édition strasbourgeoise: "Du bist freilich in einer unglückseligen Stund geborn. Du sitzest stil und schweigest und thust nieman nichts, noch dan sagen die Lüt, du seiest ein Schalck"(H 2). Les conditions sociales à cette époque étaient très misérables, époque où on pend et décapite des hommes pour avoir eu faim (L 16). A l'âge de quinze ans déjà Ulenspiegel se sent plus proche au monde varié des foires qu'à la vie pénible des artisans et des paysans. Thyl de Coster s'engage déjà à l'âge tendre de quinze ans dans la prédiction de l'avenir: il veut montrer à tout qui veut sa vie présente et future dans un "beau cadre de foin" qui nous fait penser à un miroir: il associe un représentant de la "trogne doctorale", un homme de loi vaniteux, convaincu de son importance au museau d'un singe, un soldat mercenaire (soudard) est confronté à son faible pour les gourmandises (connu par sa grosse gueule) et dont l'avenir n'est pas du tout rose: "la bataille fera de toi potage"; les vieux hommes confrontés à des peignes, des écritoires, tous ces "beaux brimborions" du beau sexe, le clergé est représenté par un moine "gras et lippu" qu'il intitule "armoire à jambon" "cellier à cervoise [...] grosse bedaine". Connaissant très bien l'hypocrisie du clergé où l'on ne recule pas de cacher l'argent déprécié dans ses sandales, il se moque d'un moine en le demandant de lui donner un placard "pour n'avoir pas menti" (L 24s.). Pour cette attitude de confronter les hommes à leurs faiblesses surtout s'ils appartiennent aux classes dominantes telles que le clergé, la noblesse (et l'armée) s'explique par le surnom de Tyll Ulenspiegel dérivé d'après Coster à l'expression flamande "Ik ben u lieden Spiegel, je suis votre miroir", dans sa forme abréviée "ik ben ulen spiegel" ainsi que cela se dit "encore présentement dans l'Oost et la West-Flandre" (L 25). Malgré le mécontentement de sa mère Ulenspiegel refuse d'apprendre un métier traditionnel et se décide pour la profession du saltimbanque qui, pour la société de cette époque appartenait à la classe sociale des hommes malhonnêtes et qui donc était ainsi largement exclu de la société, mais exclu surtout de tous les corps de métiers (Wiswe 1971: 162). PhiN 36/2006: 10 Ulenspiegel, comme saltimbanque hors de la société corporative, cherche souvent à se faire entrer dans la société. Pour lui, ce qui importe, c'est de s'engager dans les différents métiers. Ulenspiegel apprenti trouve toujours et partout des maîtres crédules qui l'engagent sans exiger une légitimation (Wiswe 1976: 184). On ne dit rarement qu'un maître remarque son manque de connaissances. Avec son entrée dans un métier Ulenspiegel n'a pas évidemment l'intention de faire un changement de travail, de métier, mais de faire des dommages matériels aux autres, aux bourgeois et aux paysans qu'il déteste. Il feint d'avoir compris les ordres à la lettre pour justifier ses actions. La prise à la lettre des ordres est pour Ulenspiegel un prétexte excellent pour une justification de ses activités malignes (Wiswe 1971: 165). L'interprétation des Histoires d'Ulenspiegel prépondérant surtout au sens d'une prise à la lettre est favorisée par des paroles telles que : "und verdient nit grossen Dank, wiewohl er alles daz that, das man ihn hie b "(H 62) ou bien: "Du thust nach den Worten, nit nach der Meinung" (H 43).
2.3 Le langage de UlenspiegelLe recours fréquent à des formules et des images figées et à des proverbes est un trait caractéristique des écrits narratifs populaires où les proverbes ont la fonction de généraliser d'une part la succession d'actions et d'établir d'autre part des normes et de rappeler au lecteur ce qu'il sait déjà.21 La dernière phrase d'Ulenspigel qui termine l'Histoire 81: "Wer der letst sei, der ker das Huss" est une variation du proverbe "Der letzte muß die Zeche zahlen (H 81).22 Son refus de tout parler métaphorique et allégorique est catégorique car Ulenspiegel n'accepte que la langue qui s'est avérée dans des expériences concrètes de l'expérience quotidienne. Ses jeux de mots sont des transpositions d'expressions figées dans des contextes concrets,empiriques toujours en train de changer. Sans rejeter le proverbe "Bosse und zornig Nachred bringen bösen Lon" (H 84) comme tel il met au jour que ce proverbe n'est pas vrai per se, car sa vérité dépend du contexte situatif des locuteurs et des agents. C'est ainsi que Ulenspiegel décompose des conventions linguistiques figées (Rusterholz 1977: 244). Malgré sa préférence du langage concret aux frais du langage métaphorique Ulenspiegel se sert dans son entretien avec l'épiscope de Trier (H 63) de métaphores pour dire indirectement si concrètement que possible ce qu'il ne peut pas directement plus concrètement. Car le parler en métaphores et sa référence à son métier de farceur, de gausseur ("Schalk") forment les conditions où un discours oppositionnel est possible. PhiN 36/2006: 11 Ulenspiegel se sert souvent de formules figées pour justifier ses fourberies et emploie la polysémie des mots (H 8,10,11 par exemple) et explique ainsi ses actes par un renvoi à une contamination de mots, par exemple: polysémie de "wolf" (loup), contamination de "hennep"(chanvre) et de "sennep"(moutarde). On peut en trouver un exemple dans l'épisode qui se passe à Lueneburg: Ulenspiegel, assis sur son charreau plein de terre qu'il avait acheté d'un paysan, ne se laisse pas expulser du marquis de cette région. Son argument est le suivant: "Je ne me trouve pas sur votre terre ("Erdtreich"), mais sur la mienne". Le marquis bénévole donne la réplique qui suit: "Far hin mit deinem Erdtreich uss meinem Erdtreich"(H 26). Le mot allemand "Erdtreich" réunit les mots de "terre" (Erde) et d'"empire" ("Reich"). Le jeu de mots est un trait typique des espiègleries de Ulenspiegel (comp. p. ex. H 8, 10, 11) et il repose sur la contamination de mots. Le comique d'Ulenspiegel ne naît pas seulement d'une humour piquant et spirituel, mais est aussi un comique intellectuel qui ne se rend que rarement au niveau du comique de situation. Le plus souvent il repose sur un jeu avec la langue et son rapport à la réalité. L'emploi inattendu et extraordinaire d'images et de locutions que Ulenspiegel préfère, trouble les autres qui per se ne lui sont pas toujours inférieurs, mais qui ne sont que perplexes en face de la situation changée, inaccoutumée. On reconnaît ici que Ulenspiegel doit ses paroles pleines d'esprit à l'acuité de ses capacités mentales.23 Critique de langue il transforme les signifiants et les règles de son emploi et le rend donc conscient de son historicité. La réflexion critique que les Histoires éveillent, est basée sur des contradictions / correspondances entre parole et acte. La signification linguistique n'apparaît dans les Histoires d'Ulenspiegel jamais comme substance, mais toujours comme virtualité différemment actualisée dans tel ou tel contexte situatif (= aspect pragmatique) (comp. Rusterholz 1977: 247).
2.4 Critique socialeAfin d'éviter des scandales quelconques l'auteur de "Ulenspiegel" d'avance déclare dans la préface que ses Histoires ne poursuivent que le but de divertir les hommes (Wiswe 1971: 173). A l'opposé de Coster il était un moraliste conservateur qui prenait parti du patriciat et qui luttait avec véhémence contre toute dissolution de l'ordre établi et pour qui la rébellion était un irrespect envers l'ordre divin et politique. Il critiquait quand même rigoureusement la société dont il mettait les inconvénients sociaux et politiques et la corruption des moeurs et des omissions politiques impitoyablement au pilori et mettait ainsi le status quo et la texture des états corporatifs en danger. Par la réception des traits actuels et par leurs jugements sur l'époque les Histoires d'Ulenspiegel sont devenues un reflet des forces révolutionnaires et réformatrices du XVIe siècle.24 On peut admettre qu'un critique de société conservateur choisissait un héros plébéien pour donner un exemple qui avertit le peuple. Malgré ses idées conservatrices l'auteur des Histoires, comme il dit dans les Notes préliminaires, s'adresse aux intellectuels de son époque: son parler de l'amusement des hommes dans des temps critiques n'est qu'une mesure de prévention contre une censure de la part des autorités politiques (Sosseh 2005). PhiN 36/2006: 12 Bien que la littérature bourgeoise débutât avec l'imitation consciente, décidée des traditions féodales, aux XVe et XVIe siècles une contre-image à l'idéal du chevalier se constituait: le picaro ou le fourbe. Le moment social qui est plus accentué chez de Coster que dans l'impression de Strasbourg se reconnaît très facilement: "Je ne lèche point les bottines de seigneurs"(L 342). Mais dans le texte allemand il existe aussi des passages qui indiquent l'explosif social. Tandis que l'Historie 18 transforme la parole biblique "A celui qui a, on donne"(Wer hat, dem wird gegeben) (Matth. 13, 12) comme suit: "Wer brot hat, dem gibt man Brot" (H 55). Les paroles d'Ulenspiegel à la fin de l'Historie 90 font allusion à la parole biblique, mais d'une façon différente: "Wer da nuet hat, dem sol man geben, und der etwas hat, dem sol man etwas nemen" (H 90) A celui qui n'a rien il faut donner qu.ch. et à celui qui a, il faut prendre qu.ch..) Chez Matth. 13, 12 nous pouvons lire au contraire: "Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l'abondance, mais à celui qui n'a pas on ôtera ce qu'il a". Les mauvais tours que Till Ulenspiegel joue à ses contemporains s'adressent souvent à la bêtise et à la crédulité, de temps en temps aussi à un fanatisme religieux quand il réussit par exemple à vendre des sachets de "graines prophétiques", remplis en vérité de crottins de cheval à des Juifs avides d'apprendre la venue du Messie. Ces graines, d'après Ulenspiegel, d'origine arabe, "préparées avec le grand art, par Abdul Médil, de la race du grand Mahomet" changeaient d'origine dans le bruit qui court à la foire de Hambourg: pour les bourgeois elles étaient "bénies à Jérusalem sur le tombeau de Notre-Seigneur Jésus"(L 70).
2.4.1 Les artisansEn bonne connaissance des règles rigides qui canalisaient le langage et le travail des artisans Ulenspiegel prévoit leurs attentes et leur comportement et les intègre dans ses propres stratégies. La fabrication de chouettes et de guenons par exemple mit le boulanger en rage, mais remplit ses caisses, Ulenspiegel attaque l'artisanat qui à cette époque-là s'était engourdi grâce à ses traditions figées, devenu incapable de développer des idées créatrices. C'est frappant de voir tant de maîtres qui s'adonnent au farniente et qui délèguent leur travail à des valets ou à des apprentis tels que Ulenspiegel (Rusterholz 1977: 245). Pour affoler un tailleur tout en jouant l'innocent – "est-ce là un méchant tour?" – Ulenspiegel le met en colère en comprenant quelques locutions à la lettre: "jeter les manches à ce pourpoint" ou faire un loup"25 (L 68s).26
PhiN 36/2006: 13 En faisant à la lettre ce qu'on lui dit Ulenspiegel proteste contre des normes et démasque en même temps les contraintes qui dominaient l'artisanat de son époque (Hildebrandt 1971: 190) et s'oppose en général contre toute forme de langue et de vie figée (Rusterholz 1977: 247). La technique d'Ulenspiegel qui consiste à démasquer la société et leurs représentants (surtout les artisans), ne peut fonctionner que parce que les activités qu'il doit exercer sont conventionnelles et que la langue technique de de chaque artisanat est présupposée comme connue. Ulenspiegel proteste contre le caractère normatif qui caractérise le comportement des artisans. Maître et valet répètent des formes de jeu, se reflètent les relations dans l'hiérarchie sociale de cette époque et où des interprétations privées des ordres n'ont pas de place; car les directives de travail sont suivant les traditions des corporations connues depuis longtemps et n'ont que le caractère de signal. La réponse attendue par le maître ne donne pas d'espace libre pour une interprétation individuelle. Le valet doit se soumettre, mais Ulenspiegel ne se soumet pas en intercalant sa propre interprétation (Rusterholz 1977: 247). Dans les Histoires allemandes (H 27), cependant, il s'agit de la légitimité: celui qui n'est pas fils ou fille légitime de quelqu'un ne peut rien voir sur le toile blanc, parce que personne ne veut concéder ou confesser sa vraie origine, tout le monde ment, sauf une folle confesser de ne rien voir, même si elle est un enfant de putain: "Liebster Meister, nun sih ich nüt von Gemaelt, und solt ich all mein Lebtag ein Hurenkint sein". La conclusion de Ulenspiegel est caractéristique: "Si les fous disent la vérité, je dois vraiment partir." Comme le dit Lindow (2001: 80): les folles, le plus souvent des malades d'esprit, ne sont témoignées que rarement, mais sont à attester encore jusqu'au XVIIIe siècle. Comme par exemple un cavalier: Ulenspiege le trouble par ses jeux de mots et ses paroles sibyllines: à la question du cavalier "où sont tes père et mère?" il répond: "Mon père est allé faire de mal en pis, et ma mère s'occupe à nous faire honte ou dommage". Demandant le chemin par où aller l'information donnée par Ulenspiegel "là où sont les oies" n'était pas pour le tromper comme le pense le cavalier, mais n'était à comprendre au sens de "où les oies pataugent, mais où elles cheminent" (L 19). En face d'un cavalier c'est un grand plaisir pour le pauvre Ulenspiegel d'instruire et de corriger un membre des couches supérieures: "il n'y a pas de chemin qui aille à Heyst", car comme il dit: "En Flandre, ce sont les piétons qui vont et non les chemins"(L 19).
2.4.2 Le clergéLa corruption des moeurs s'était expandue aussi au clergé: "Und kam ins Land Bummern [Pommern)], da sich die Priester me an daz Suffen halten dann an daz Predigen" (H 31). Pour s'enrichir Ulenspiel se servait des méthodes du trafic d'indulgences vers 1450 (H 31 n. 15) qui servait à la rémission des péchés, droit conféré à l'Eglise catholique. Vêtu comme prédicateur d'indulgences qui exhorte des femmes adultères de faire des offrandes. Ulenspiegel, maître du masque, peut gagner sa vie avec le farniente ("Müssiggon") bien que tout le monde connaisse ses malices (H 31). En tant qu'homme intelligent il sait très bien ce qu'il faut pour un croyant; il voit donc très bien à quel point le clergé de son temps s'est-il éloigné de l'idéal: "Daz stot einem frumen Man nit wol an" (H 37). PhiN 36/2006: 14 Les coutumes de l'Eglise deviennent chez Coster l'objet de raillerie; lorsque dans sa description de bossus pourvus de grands rosaires il compare leurs prières aux "coassements de grenouilles dans un étang" (L 208). La caractérisation d'une bagarre qui a éclaté entres les ermites comme "rude exercice" et le parler d'enfants nés "par la vertu du pèlerinage" (à Meyburg) (L 15) laissent reconnaître l'ironie et la raillerie dont Ulenspiegel n'épargne pas le clergé et les institutions religieuses. Au lieu de prêcher et de faire la charité les moines qui, près de Gorcum, se trouvent dans une barque sont captifs de leur haine: "Maudit toi-même, prédicateur niais, qui trouves mauvais qu'on casse la verge, fût-elle de fer, sur le dos des tyrans!"(L 339). Malgré leur haine indomptable qui les fait gonfler ils ne sont que des hommes pauvres abandonnés, "béats et grelottants" (L. 339). Une fonction, sinon un devoir des bouffons consiste à démasquer la réalité, les dimensions grotesques du monde, comme par exemple des rites religieux absurdes: les moqueries que Tyll Ulenspiegel imagine pour les pèlerins d'Alsembourg et leur cheminement à reculons qui le "fait penser à des écrevisses" (L 47), sont nombreuses: il en cherche plusieurs raisons ou pseudo-raisons : "est-ce que pour tomber plus sûrement que tu cours de cette manière"? Ou bien: "veux-tu savoir combien il y a d'arbres sur la route. Mais n'en comptes-tu pas aussi les feuilles?"(L 47s.) Enfin: "Peut-être [...] est-ce par suite de quelque subite folie que tu vas ainsi au rebours de tout le monde. Mais qui veut tirer d'un fou une sage réponse n'est lui-même pas sage."(L 48) La taciturnité des pèlerins occupés de "marmonner" des patenôtres séduit Ulenspiegel de les accabler de questions innombrables qui, restant sans réponse, le poussent à faire des argumentations logiques, mais absurdes:
Cette argumentation qui se sert du principe du tiers exclu (une chose est ou n'est pas, possède un attribut ou non) qu'interdit le principe de contradiction est ici employée pour ridiculiser et ainsi ébranler les fondements de la logique Dans ses attaques Ulenspiegel ne ridiculise pas seulement leurs activités mais aussi leur physique quand les pèlerins sont intitulés "trogne jaunâtre, cette tête pelée" que l'on voit jamais, "sinon au champ des potences". N'as-tu pas point été pendu jadis?" (L 48). Son sarcasme aigu ne recule pas devant la mort, à savoir devant l'exécution. PhiN 36/2006: 15 En face du danger, de la menace que représente l'Inquisition Ulenspiegel cache sciemment son identité véritable derrière des masques, des rôles; il est connu comme "méchant gausseur, raillant sans cesse le prochain, mais n'ayant médit de Monseigneur Dieu, de Madame la Vierge, ni de Messieurs les saints". Il n'a pas peur: "Je suis d'amiante" protégé ainsi contre le feu de l'Eglise catholique (L 40ss.). Sa gaieté n'est qu'un masque pour dissimuler le compte qu'il veut régler avec les forts, les puissants de son temps. Il n'est donc point l'arlequin inoffensif des enfants. Si les Histoires d'Ulenspiegel ne racontaient que des friponneries ("lustige Streiche"), ce livre-là n'aurait pas 'été mis au Index et Philippe II n'aurait pas interdit leur publication aux Pays Bas (comp. Hildebrandt 1971: 187). Ulenspiegel est le barde qui, dans ses chansons enthousiastes, prend le parti du peuple, le parti des subjugués souffrant du régime du bon plaisir des pouvoirs de son époque, du clergé/de l'Eglise d'une part et de la noblesse de l'autre:
Dans la "chanson de mort" Ulenspiegel met au jour la corruption et le matérialisme des états supérieurs qui ont la parole. Dans une de ses chansons il parle des bateaux triomphants sur le canal où se joue "l'histoire de Joseph vendu par ses frères"
En même temps il en appelle au peuple (belge):
La corruption des moeurs et des institutions séculières et cléricales est représentée chez Coster par l'image impressionnante de la mort qui "mangeait déjà le bourreau [le roi espagnol] et il avait le corps plein de vers" (L 358). L'injustice où la société de l'époque semble sombrer justifie la comparaison des bourreaux à des bandes de fourmis d'enfer ondulantes (L 351) et la représentation d'officiers de justice à des hommes: "vieux et tousseux, [...] tous pareils à des ombres noires sur la plaine blanche" (L 322). Chez Coster, les paysans et les petits artisans sont moins l'objet de dérision et de fourberie que les représentants des classes supérieures. A l'opposé des Histoires strasbourgeoises de 1515 le protagoniste de Charles de Coster ne reculait même pas devant une caricature de l'armée. PhiN 36/2006: 16 Bien que Ulenspiegel ne connaisse pas de pitié pour Riesencraft (= Riesenkraft, en allemand: force d'un géant) comme archer représentant de l'armée, et qu'il se moque de cet homme "maigre, cruel, gigantal" en le comparant à une grenouille (il "tomba, bras et jambes étendues comme une grenouille en son trépassement"; L 219) il ne peut pas se défendre contre la mélancolie qui le saisit en face de ce "pauvre furieux" dont le couvre-chef est "une belle salade surmontée d'une plume de cygne, pour le faire chanter s'il trépassait" (L 219). Malgré toute la moquerie qu'il n'épargne pas à cet archer, Ulenspiegel n'est pas si insensible qu'il ne puisse pas reconnaître le tragique dans le comique, l'impuissance de ce membre déplorable de l'armée ("soudard affolé"). Les médecins ne manquent pas: Dans la version allemande (H 17) Ulenspiegel prétend à Nuremberg de pouvoir aider tous les malades. Sous la menace de brûler le plus malade qui est hors d'état de quitter l'hôpital (pour obtenir par sa réduction en cendres la poudre qui lui est nécessaire pour guérir tous les autres malades), tout le monde sort le plus vite possible. Chez Charles de Coster Tyll se donne pour un "grand médecin, célèbre,dompteur de fièvres" et "balayeur de pestes"(L 96–97). Au fond historique que Charles de Coster donne aux histoires de Ulenspiegel "être brûlé" est à comprendre à l'horizon de l'Inquisition. En effet, de Coster décrit plusieurs exécutions dans son livre (p. ex., Claes, le père de Tyll, est brûlé). Il ne parle pas de l'incinération d'un malade dont les cendres servent à la préparation/production d'un médicament. La guérison de malades fut thématisée aussi au fablel Du Vilain mire (Le paysan devenu médecin) en ancien français, écrit en francique au milieu ou dans la deuxième moitié du XIIIe siècle en Picardie:27
2.4.3 Les éruditsA Prague Ulenspiegel n'évite pas une confrontation aux hommes doctes quand il se représente comme grand maître d'insondables problèmes. Les réponses que Eulenspiegel donne sont toujours pratiques. La question qui touche la grandeur du Ciel trouve une réponse nette: Il a une largeur de 1000 brasses et une altitude de 1000 aunes. Celui qui a des doutes, doit enlever le soleil, la lune et toutes les étoiles du Ciel et le mesure ainsi. Quand on l'interroge sur la distance de la Terre et du Ciel Ulenspiegel n'entre pas dans des disputes théoriques, philosophiques, mais renvoie les érudits à une experience simple bien que irréalisable: il dit que la distance n'est pas grande, car ce qu'on parle ou crie au Ciel est à entendre très bien. Si vous montez au Ciel, dit il aux doctes, il criera un peu et ils pourraient l'entendre (H 28). Des réponses de cette forme laissent reconnaître que Ulenspiegel ne s'engage pas dans des discussions sur des problèmes scholastiques philosophiques usuels au Moyen Age. PhiN 36/2006: 17 2.4.4 La noblesseLa bêtise des riches est démasquée par ses actitivités comme peintre chez un landgrave de Hesse pour qui il feint de faire des portraits (H 27):31 "S'il en est parmi vous un vilain, il ne verra que le mur blanc" (L 87). Le principe des Habits neufs de l'Empereur d'Andersen (1938) où la vue de quelque chose dépend de certaines capacités et où personne ne veut pas concéder qu'il n'a pas ce don exclusif. Dans les "Contes d'Andersen", dans "Les vêtements nouveaux de l'empereur", le même truc est employé par deux escrocs qui affirmèrent être tisserands d'étoffes "invisibles aux yeux de ceux qui ne convenaient pas à leurs fonctions ou qui étaient simplement sots". Voyant l'empereur sans vêtements tout le monde se tut par peur d'être classé comme sot, sauf un petit enfant, "la voix de l'innocence" (d'après son père).
2.5 Ulenspiegel est-il un farceur ("Schalk")?Même si l'auteur des "Histoires d'Ulenspiegel" nomme le protagoniste des Histoires "Schalk", le lecteur doit éviter la faute de (mé-)comprendre "Schalk" au sens d'espiègle, de farceur et de plaisantin tel qu'il s'est établi dès l'époque classique de la littérature allemande. Au Moyen Age et au bas allemand du XVIe siècle, dans la langue des Histoires d'Eulenspiegel donc "Schalk" désignait un méchant, un fripon (Wiswe 1976: 177). Pour les hommes de son époque Ulenspiegel n'était donc ni un farceur innocent ni un sage. A l'arrière-fond de la pauvreté et la misère de la population de cette époque le gaspillage et la destruction inutile de biens, d'aliments surtout n'était pas pour les hommes de ce temps-là point une plaisanterie inoffensive et naive. En face des techniques de production relativement primitives le gaspillage inutile de farine (H 40) représentait un délit grave. D'après Wiswe c'était l'intention de l'auteur des "Histoires de Ulenspiegel" de présenter un vagabond hors de la société établie pour avertir (prévenir) ses contemporains du contact avec de tels individus (Wiswe 1976: 177). Loin d'amuser ou de divertir les hommes les activités de Ulenspiegel ne reposent pas du tout sur la gaieté ou la joie de vivre. Au contraire, Ulenspiegel cause un grand dommage à ses contemporains, n'épargnait même pas les malades ou les aveugles. Au fond des choses sceptiques et mélancoliques, il était un raté peu sociable qui ne connaissait ni des sentiments de séparation ni d'attachement et d'affection. Ses idées bizarres, son insensibilité, son repli sur soi-même, ses clowneries, son penchant au sadisme, sa manie de briller et ses impostures indiquent des déficiences psychiques, des problèmes donc qui pour les hommes de son époque déjà étaient peut-être une raison de ne pas le remettre aux mains de la justice. (comp. Kerner 1957: 93–97) PhiN 36/2006: 18 Les hommes dont se moque Ulenspiegel ne sont pas seulement et simplement des victimes, car malgré leur meilleur savoir, ils ne se sont pas laissés tromper; bien qu'ils connussent très bien le caractère de Ulenspiegel, ils ont donné croyance aux paroles d'un insensé, d'un fou ("Landthor", "Narr", H 50). Dans l' Histoire 57 le gérant d'une cave à vin (à Lubeck) qui dans sa pétulance pense que personne ne soit si sage que lui et qui veut voir un homme qui fasse de lui un fou, un sot ("Dor"). Pour lui jouer un tour Ulenspiegel échange des carafes d'eau et de vin. Après cette tromperie il lui dit qu'il voit bien qu'il est un "Dor", un sot. Comme il dit: "Es ist niemans so weiß, er würt vonn den Doren betrogen, und wan er schon ein Weinzäpffer wär". (H 57) Personne n'est si sage qu'il ne puisse pas être trompé par un fou, même s'il est quelqu'un qui tire du vin.
ConclusionLa signification littéraire des Histoires de Ulenspiegel repose sur la forme de représentation qui contribuait essentiellement à la mystification de la figure d'Ulenspiegel vagabond. Pour les hommes de son époque il n'était que sous réserve une personnalité "aimable". Ulenspiegel réussissait toujours à se soustraire des conséquences de ces faits, le plus souvent par la fuite ou par le changement d'habits. Il commettait ses méfaits toujours seul, à l'exception de l'Histoire 68 où, accompagné d'un prédicateur itinérant irlandais tombé bien bas, faisait prendre à un paysan des vessies pour des lanternes, un tissu vert pour un tissu bleu (Wiswe 1971: 169–170). Quant à leur réception, les Histoires d'Ulenspiegel laissent beaucoup de jeux aux interprétations ce qui dépend, d'un côté, du texte et de l'autre côté des interprétations nombreuses et des adaptations faites qui sont une réaction nette aux modifications des normes (intra- et extralittéraires) dans des contextes socioculturels différents. Bien que la sensation du comique dépende des conditions historiques et sociales changeantes on fit reculer déjà très tôt, c'est-à-dire au XVIe siècle, de plus en plus les éléments comiques en faveur des moments satiriques et didactiques. A cause de ces tendances les Histoires d'Ulenspiegel commençaient tôt ou tard à traîner une vie rabougrie, dans des recueils de morceaux choisis pour la jeunesse (Rusterholz 1977: 246s). Ulenspiegel n'est pas du tout attaché aux traditions comme la plupart de ses contemporains, bien au contraire, dans ses farces il se moque de l'artisanat de son époque et démasque les coutumes surannées et les structures rigides, Ulenspiegel, homme de la Renaissance, se sent libre, se voit comme "gai vagabond" (L 223) sans être fixé à un métier quelconque (L 26). Dans ses voyages pleins de surprises il apprend la vie, une vie tourmentée: "[...] tel [sic] est notre vie tourmentée: larmes d'hommes et rire du destin" (L 404). Comme le dit Cécile Guérard (1998: 134s): d'un côté les larmes d'Héraclite, de l'autre le rire de Démocrite signifient "au fond, la même mélancolie; car dans le 'comique absolu' où se révèle le noble rire de l'absurde, le sarcasme, le désespoir le plus profond est tourné en dérision". PhiN 36/2006: 19 BibliographieAllport, Gordon W. (1970): Gestalt und Wachstum der Persönlichkeit. Meisenheim: Anton Hain. Andersen, Hans Christian (1938): Märchen. 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DictionnairesBrockhaus-Enzyklopädie in 20 Bänden, 17. éd.. Wiesbaden: Brockhaus 1968 Le Nouveau Petit Robert. Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française. Paris 1993. Grand Larousse encyclopédique en dix volumes. Paris: Larousse 1960. Kindlers Literaturlexikon. München: Kindler 1974 (25 Vol.). Dictionnaire des personnages de tous les temps et de tous les pays. Paris: Robert Laffont 1960. PhiN 36/2006: 21 Notes1 Comp. Petit Robert, sous "Humour". 2 Comp. aussi Allport (1970: 284). 4 Les Histoires d'Ulenspiegel (Ein kurtzweilig Lesen von Dil Ulenspiegel, éd. par W. Lindow 2001) seront citées toujours comme "H". 5 Comp. Lindow (2001, préface: 8), et Schulz-Grobert (1999: 201ss). 6 Comp. Lindow (2001, postface: 292) 7 Il existe une copie de la fin du XVe siècle de cette correspondance. Comp. Schulz-Grobert (1999: 21). 8 Lindow (2001, postface: 291–292). 10 Pour le texte voyez: www.archaeologia.com/fonti_latine/Quintiliano/quintilian.institutio3.htm, 3.2.06. 11 Comp. Christmann (éd.) (1963), v. aussi Schulz-Grobert (1999: 216s). 12 Paris 1956 (Club français du Livre). Cette oeuvre de Charles de Coster sera citée toujours comme L. 13 Comp. Laffont-Bompiani (1960, sous Till Eulenspiegel). 14 Comp. Postface à La Légende, 412–413. 15 Comp. Grand Larousse (1960, sous De Coster). 16 Comp. Grand Larousse (1960, sous Pays-Bas). Le retour à la tolérance religieuse se faisait en 1576 après l'expulsion des troupes espagnoles. 17 Comp. Fry (1963: 153s.), cité par Watzlawick (1972: 42). 18 Comp. Platon, Politeia, mythe de la caverne, l.VI, 514a, s. 19 Comp. Watzlawick (1972: 42). 20 Comp. Lindow (2001, postface: 295). PhiN 36/2006: 22 21 Comp. Lindow (2001, préface: 292). 22 Qui est le dernier doit balayer la maison. Comp. aussi H. 77, 36 et H 55: au sujet de la locution "die Katze im Sack kaufen"( "acheter chat en poche") 23 Lindow (2001, postface: 292ss). 24 Comp. Lindow (2001, postface: 296). 25 loup = nom d'un justacorps de paysan. Comp. aussi Hist. 48: polysémie correspondante du mot "Wolf"(loup) en allemand. 26 Qui est le dernier doit balayer la maison. Comp. aussi Histoire 19: Eulen u Meerkatzen, Hist. 39 :"Und gang mir droben uß dem Huß…", Hist. 62 chez le menuisier, Hist. 40: chez le forgeron. 27 Comp. Christmann (1963, introduction). 28 preu = avantage 29 boiront 30 guéri 31 Cette Histoire est d'après Lindow une adaptation du chapitre "Wie Pfaff Amis in eines Malers Weise zu dem König von Franckreich kam: "Le Curé Amis, V. 491ss.). Comp. Lindow (2001), note 1 à la page 77 (Hist. 27) de son édition des Histoires. |