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Albert Gineste Llombart (Berlin)



La Catalogne Nord:
Un changement sociolinguistique ?



North Catalonia: A socio-linguistic change?
The aim of this article is to update the sociolinguistic situation of the Catalan language in North-Catalonia (Southern France) today by looking at the immediate past in order to understand the present situation better, and thus to give possible future perspectives. Since France annected this region, the use of the Catalan language has been constantly fading away compared to the French language. However, today the transculturalisation of North-Catalonia seems to be in a U-turn of its history. This period has certainly not been easy, given that the progress has been slow, and moreover, there is a long way ahead in the defence and promotion of the Catalan language. However, in general, attitudes are very positive today and the conditions are much more favourable to make North-Catalans continue to act up being aware of the wealth of their bilingual and bicultural heritage.



La coïncidence absolue d'un territoire avec le domaine géographique naturel d'une langue officielle paraît au premier abord une vérité élémentaire. Beaucoup ont du mal à s'imaginer que dans un même pays, une langue officielle puisse cohabiter avec d'autres langues qui ont pourtant tout autant de valeur. On croit que c'est un processus d'ordre naturel que les langues minoritaires finissent par être assimilées et disparaissent au profit de la culture et de la langue principale d'un pays. De nos jours encore, une langue unique est associée à tort à l'idée d'une société unifiée (Fishman 1991). Il existe encore un certain automatisme et une association consciente entre les concepts de langue et d'État, particulièrement en France, où des siècles de centralisation ont fait un truisme.

Les langues des sept minorités historiques de France (alsacien, breton, catalan, corse, flamand, occitan et basque) ont souvent été qualifiées de langues régionales ou langues minoritaires; mais ces termes sont inexacts, assez négatifs et péjoratifs, dans la mesure où ils ont une signification restreinte qui ne correspond pas à la réalité linguistique. Par exemple, dans le cas du catalan, la comparaison de l'aire géographique et du nombre de locuteurs avec d'autres langues européennes démontrent clairement la relativité de ces termes (cf. http://cultura.gencat.net/llengcat ). Les estimations du nombre de personnes qui parlent une langue sont en elles-mêmes déjà difficiles, la preuve en est des différents résultats statistiques qui changent d'une source d'information à l'autre. La tâche devient encore plus difficile dans le cas de certains États comme la France, où le recensement de la population ne prend pas en compte la langue.

La situation du catalan dans l'ensemble des Pays Catalans est précaire, parce qu'ils se trouvent dispersés dans huit territoires administratifs différents qui appartiennent à quatre États européens: La principauté d'Andorre, l'Espagne, l'Italie et la France. En Andorre, le catalan est la seule langue officielle. En Espagne, à côté du castillan ou de l'espagnol, le catalan est la langue officielle dans quelques territoires comme la Catalogne, les Iles Baléares et le Pays Valencien, mais non dans d'autres traditionnellement catalans tels que la Bande d'Aragon, et le Carx en Murcie. En Italie, en Sardaigne, dans la ville d'Alger, il faudra attendre la loi votée en 1999 sur la tutelle des minorités linguistiques historiques pour voir une certaine reconnaissance. En France, en Catalogne Nord, le catalan n'a pas encore de reconnaissance officielle ni de statut juridique précis, tout comme les autres langues territoriales, à l'exception du français, qui fut reconnu en 1992 comme la seule langue de la République Française, sans que les autres langues soient nommées.




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Si, d'une part, le contact de différentes langues dans les Pays Catalans représente une nouvelle source de richesse culturelle, d'autre part, la fragmentation politique de ces mêmes territoires est une entrave à leur communication et provoque la désagrégation de la langue. Un conflit linguistique qui aboutit non seulement au refus d'un patrimoine culturel commun, mais surtout au manque et à la perte de la conscience linguistique unitaire. La communauté linguistique catalane, soumise à un processus de minorisation qui impose l'usage d'une autre langue que le catalan, parfois sous le couvert d'un faux masque de bilinguisme qui maintient la domination d'une langue sur l'autre, connaît un processus de diglosie. Le catalan devient une langue secondaire, réduite parfois à un usage privé ou familial. Ainsi se crée-t-il une image négative du catalan jusqu'à créer un sentiment de selfhatred ou "haine de soi". Bien que l'aire linguistique catalane se trouve entourée par des langues et des cultures de grand prestige international, il est évident, comme le montrent d'autres cas similaires, que l'avenir d'une langue et sa vitalité dépendent principalement de l'usage que ses locuteurs en font (Torres 1984: 59–62).

Cet article vise à actualiser les connaissances sur la situation sociolinguistique du catalan contemporain en Catalogne Nord, en résumant brièvement le passé de ce pays afin de mieux comprendre la situation actuelle et de donner de possibles perspectives nouvelles. Pour comprendre les questions liées à l'identité culturelle, l'usage de la langue et les attitudes linguistiques, cet article a été écrit en appui sur les concepts de Vitalité Ethnolinguistique Subjective (Bourhis et al 1981, Landry et al 1994: 5–13) et sur la théorie de Fishman (1991) sur la linguistique de contact appliquée à la revivification linguistique. Aujourd'hui, les études qui se consacrent à la Catalogne Nord sont importantes ; pour s'en convaincre, il suffit de consulter la bibliographie sélective des études sur la Catalogne Nord parues ces dernières années. Cet article a été rédigé à partir de cette littérature ainsi qu'à partir d'articles de presse publiés sur la Catalogne Nord de 1996 à nos jours, grâce aux archives documentaires du Centre de Sociolinguistique Catalane à Barcelone (cf. http://cultura.gencat.net/llengcat/cds ) et du service de documentation en ligne de l'IFCT (Institut Franco-Catalan Transfrontalier) de l'Université de Perpignan(cf. http://www.univ-perp.fr/ifcet/icress/web_obsrtf/indexgeneral.htm )




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Le passé

Pendant des siècles, la politique linguistique menée par l'État français a été la cause de l'évidente et progressive réduction de l'espace de toutes les langues de France, à l'exception du français. Une politique d'assimilation brutale, un génocide culturel ont créé tout un cadre de dispositions légales pour réduire, limiter ou simplement éliminer l'usage de toute autre langue que le français (Marcet 1991). Cependant, la colonisation des régions en France n'est pas si différente des cas qui ont eu lieu en Espagne ou en Italie, seul le point de référence change (Ferrer 1986). Avec le Traité des Pyrénées en 1659, l'Espagne cédait à la France les terres catalanes du nord de la Catalogne. La francisation de cette région, comme ce fut le cas pour toutes les autres régions de France, a eu lieu dans l'instauration de la langue française dans l'ensemble des institutions : l'éducation, l'Église, l'administration, la politique et la justice, les mass médias, la culture et dans toutes les formes de l'activité sociale et économique. Ainsi le français s'est-il imposé peu à peu au détriment du catalan dans la vie quotidienne.

La perte du catalan en Catalogne Nord a été un processus divisé en trois phases: une première phase horizontale et sélective qui touche seulement les classes privilégiées; une seconde, verticale et spontanée, alors que la classe moyenne commence à apprendre le français pour gagner un statut social plus élevé; finalement, une phase de coercition par l'école et les médias; autrement dit, un processus qui englobe toute la population (Bernardó 1988). La disparition du catalan dans des secteurs aussi essentiels a restreint son usage au domaine privé et familial, ce qui a fini par provoquer sa quasi extinction. Tout cela crée une image rétrograde du catalan que l'on associait aux gens de la campagne "sans culture". Ainsi la situation lamentable de la langue catalane en Catalogne Nord est-elle due en grande partie à la persécution qu'elle a subie.

L'éducation a été l'un des principaux moyens de dépersonnalisation et de colonisation du pays. Les catalans du Nord ont été empêchés d'accéder à la connaissance de leurs origines, car les écoles n'ont jamais offert la possibilité d'apprendre la langue, l'histoire et la culture du pays. Par exemple, la transmission de la langue des parents aux enfants s'arrête pour éviter les punitions et les humiliations imposées à l'école à ceux qui ne parlent pas français (Sloane 1989: 227). Le résultat de cette situation de marginalisation entraîne l'abandon de cette langue qui semble un fardeau inutile pour la vie moderne et la mobilité sociale. Ainsi l'éducation, l'exploitation économique et le mirage de l'État français comme source de culture et de liberté ont-ils créé un sentiment de "haine de soi", de refus de sa propre langue, de mépris de sa propre personnalité et de difficulté à situer ses origines. En outre, depuis le Traité des Pyrénées, la Catalogne Nord est devenue une région périphérique, industriellement sous-développée et sans pouvoir, parce que c'est à Paris que se concentre la vie économique, politique et culturelle. D'ailleurs, la proportion de locuteurs du groupe minoritaire dans la communauté plus large peut affecter le maintien de la langue minoritaire (Bourhis et al. 1981: 145–155). La représentation de la société catalane dans l'ensemble de la population française a toujours été très limitée. D'après le dernier recensement de 1999 (cf. http://www.recensement.insee.fr), il n'y aurait que 390.000 habitants en Catalogne Nord contre 59 millions en France.




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En Catalogne Nord, après plus de trois cents ans d'appartenance à la France, l'appui institutionnel est presque inexistant, le poids démographique, infime et le statut du catalan, très bas. Tout semblait avoir causé un processus profond et irréversible d'aliénation et de transculturation menant à la disparition de la langue et de la culture catalanes. Mais ces dernières années ce processus semble avoir pris une autre direction...


Le présent

Le pouvoir omniprésent du gouvernement central, l'immigration de fonctionnaires et de retraités du nord, l'émigration de la population jeune et cultivée à la recherche de meilleurs postes de travail à Paris et dans d'autres régions septentrionales plus développées de la France, ainsi que le désir d'assimilation à la culture française n'ont pas été suffisants pour éliminer la langue et la culture catalanes en Catalogne Nord. Les différentes enquêtes menées ces dernières années (Média Pluriel 1993 et 1998,) confirmées par divers travaux de l' ICRECS (Institut Catalan de Recherche de Sciences Sociales de l'Université de Perpignan) dont certains pourront prochainement être consultés sur @ines, la revue virtuelle de recherches interdisciplinaires sur l'espace catalan, montrent des données pleines d'espoir. D'un côté, il semble qu'il existe encore un sentiment généralisé et très enraciné de la "catalanité". D'un autre côté, malgré toutes les mesures légales de l'État français contre les langues régionales, il y a encore des Catalans du Nord qui ont continué et continuent à parler le catalan.




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Pourcentages établis sur un échantillon de 500 personnes
Source: Média Pluriel (1998)

La situation actuelle montre que la pratique et l'état des connaissances de la langue catalane se sont stabilisés. Un peu plus d'une personne sur deux (55%) déclare comprendre le catalan, mais seulement 24% parfaitement, car la plupart des Catalans du Nord sont bilingues avec dominance du français. Ainsi, une personne sur trois (34%) déclare savoir parler le catalan (70% dans les villages mais encore 40% à Perpignan), mais seulement 17% parfaitement car la plupart des locuteurs ont des interférences linguistiques et pratiquent le code-switching ou «alternance de code», c'est-à-dire une alternance des deux langues. En outre, de la population totale nord-catalane, 39% déclarent savoir lire le catalan (même avec difficulté), mais seulement 11% facilement. Dans l'ensemble de la population, seulement 11% déclarent savoir écrire en catalan.

D'après ces résultats, le maintien du catalan repose fondamentalement sur la loyauté linguistique de ses locuteurs. Comme c'est partout le cas dans une telle situation culturelle, le nombre de personnes ayant une bonne compétence linguistique croît avec l'âge (16% entre 18–24 ans, 35% entre 25–44 ans, 55% entre 45–54 ans et 73% au-delà de 55 ans), c'est-à-dire une population âgée.




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Seulement 16% de la population de la Catalogne Nord déclare parler souvent ou quotidiennement le catalan. Malheureusement, les questions de Média Pluriel concernent surtout les niveaux de compétences linguistiques plutôt que l'utilisation de la langue. Du fait que l'avenir d'une langue dépend de son usage, il serait préférable, dans de prochaines recherches, de connaître plutôt l'utilisation du catalan par les Catalans du Nord dans diverses situations comme à la maison, au travail, dans le quartier, avec d'autres Catalans du Nord bilingues, avec des Catalans du Sud, les institutions et les mass médias.

Même si à l'heure actuelle, il n'est pas surprenant qu'en Catalogne Nord si peu de gens sachent écrire, lire, parler ou encore comprennent le catalan, étant donné la politique linguistique menée depuis l'appartenance à la France, les résultats ci-dessus relatifs à la compétence linguistique ne sont-ils pas trop optimistes? Peut-être ces chiffres ne représentent-ils pas la véritable compétence linguistique des informateurs, mais plutôt l'orgueil en augmentation de savoir parler catalan qui croît constamment (Marley 1995: 105). Prochainement, la mise en marche de l'Observatoire sociolinguistique Nord-Catalan sur le site de l'ICRESS (cf. http://portalcat.univ-perp.fr/OSL/index.htm ) nous permettra d'étudier de près les évolutions historiques récentes des pratiques langagières, les répercutions du changement social et la récente ouverture des frontières. Dans tous les cas, cette augmentation de l'orgueil montre que les idéologies linguistiques ont beaucoup évolué: le selfhatred ou image de la "haine de soi" semblent être surmontés.

Toujours est-il que le catalan, qui cédait constamment du terrain devant le français depuis le Traité des Pyrénées, semble parvenu à un tournant de son histoire. Le catalan semble capable de renaître en Catalogne Nord. Pourquoi assiste-t-on à un changement social et linguistique? La situation semble avoir changé surtout grâce au prestige récupéré par le catalan en Catalogne du Sud. Une autre raison est peut-être aussi celle du retour généralisé de la quête de son identité, recherche si caractéristique de cette fin de millenium. Il s'agit là du désir d'être conscient de la nécessité non seulement de sauver, mais aussi de revitaliser le patrimoine culturel si menacé dans les régions de France. Le mouvement des années 60 avec l'indépendance des colonies françaises, a permis aux Français de se rendre compte qu'il y avait aussi une colonisation à l'intérieur de la France. Ainsi, à partir de la fin des années soixante, le nom de Catalunya Nord commence à être utilisé par ceux qui étaient soucieux de l'avenir de la catalanité du département. Bien que généralement connu en français sous le nom de Roussillon (dérivé du catalan Rosselló), cette dénomination désigne seulement l'une des six contrées (équivalent en catalan à la traditionnelle et historique "comarca") qui forment l'ensemble de la Catalogne Nord. Le Roussillon est la contrée la plus importante géographiquement, région dans laquelle se concentre la majorité de la population et l'activité économique de la région, et où se trouve aussi la seule ville et chef-lieu du département: Perpignan (dérivé du catalan Perpinyà). Comme ce fut le cas pour d'autres noms de régions ou de départements, l'actuel nom officiel du département, Pyrénées Orientales, a été sévèrement critiqué pour son manque d'attraction pour le marketing touristique, et pour son manque de référence au caractère catalan du pays. Il faut savoir qu'au moment de sa création, on a uni aux contrées traditionnellement catalanes une contrée occitane géographiquement contiguë afin d'éviter de créer un département qui corresponde à une réalité nationale ou linguistique. Plus absurde encore a été la création de la région Languedoc-Roussillon parce qu'il n'existe pas de liens historiques entre les deux territoires. En France, les régions ne correspondent pas assez souvent, comme dans d'autres pays européens, à des réalités humaines, mais à des groupements de départements sans raison d'être et sans pouvoir politique. La région Languedoc-Roussillon, dont le chef-lieu est Montpellier, marginalise les institutions de Perpignan et empêche ainsi des rapports égaux entre le nord et le sud de la Catalogne.




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Aujourd'hui, les régions ne sont plus le désert culturel de jadis. Depuis les années 60, les mouvements régionalistes semblent plus que jamais revitalisés et renaissent, brisant ainsi un long silence. Ils demandent un statut pour toutes les langues de la France, c'est-à-dire une reconnaissance officielle. Ils réclament l'instauration du bilinguisme à tous les niveaux de l'éducation, l'accès sans restrictions aux mass médias, l'écriture des actes officiels en langue régionale et la liberté de l'utiliser pour toute mesure politique, publique et administrative. Ainsi, même s'il est minoritaire d'après les scores des dernières élections législatives, le parti politique Bloc Català (cf. www.bloc-catala.com ) qui a été fondé officiellement en 2002 à Perpignan souhaite faire émerger le débat nord-catalan sur la scène politique française et européenne.

L'action obstinée et militante de nombreux activistes est appuyée sans doute par ce changement d'attitude internationale et par toute une série de déclarations faites par l'Assemblée Parlementaire du Conseil de l'Europe (1961), l'Assemblée Générale des Nations Unies (1996), l'ONU (1992), et le Parlement Européen (1994). En termes généraux, on rappelle que la diversité linguistique est une richesse du patrimoine culturel de l'Europe et que, par conséquent, on devrait protéger l'existence de toutes les identités nationales, ethniques, culturelles, religieuses et linguistiques des minorités. Mais malgré ce changement d'attitude, la France, ce pays qui se croyait toujours pionnière en matière des droits de l'homme, continue de ne pas respecter les droits essentiels des identités ou langues existantes à l'intérieur de son propre territoire. Ce n'est qu'en 1951 que la loi Deixonne mit fin à la persécution légale des langues dites régionales et permit enfin leur enseignement. Mais la concession sans doute la plus importante a jusqu'à présent été la circulaire Savary en 1982, la création de classes bilingues, qui devient un dispositif permanent en 1995 avec la circulaire Bayrou. Cependant, dans les faits, ces lois ne sont pas complètement appliquées à cause d'attitudes générales ou individuelles d'hostilité, de l'inertie du ministère ou des responsables locaux, du manque de budget, etc. Ainsi, si, d'une part, on créa en 1992 des concours pour incorporer des enseignants du secondaire, d'autre part, il n'existe pas encore de formation ni de recrutement spécifique pour le professorat des écoles primaires et pour les classes bilingues. Cependant, d'après les enquêtes (Média Pluriel 1993, 1998), un pourcentage est en progression, 62% de la population pense qu'on devrait offrir à leurs enfants la possibilité d'apprendre le catalan. La preuve : le nombre croissant des élèves qui fréquentent les écoles catalanes: " Escola Arrels" et "La Bressola" (cf. www.bressola.com et www.arrels.net ). Ainsi, La Bressola, qui comptait 7 élèves lors de sa création en 1976, passe à 400 enfants en 2002. Les résultats des enquêtes montrent aussi que 37,6% des parents souhaiteraient que leurs enfants bénéficient d'un enseignement bilingue français-catalan (Média Pluriel 1998). Pourtant, loin d'offrir cette possibilité tous les ans et à chaque niveau, seulement 19,1% de l'enseignement primaire et 6,1% du secondaire reçoivent à l'heure actuelle des cours de catalan, et seulement 1% reçoit une éducation bilingue (Becat 2000: 24). Notons aussi que, suite à la décision du Conseil d'Etat qui annule en 2002 dans les écoles publiques l'enseignement bilingue par "immersion" en langue régionale et l'enseignement bilingue à parité horaire, le cadre légal actuel est de nouveau un frein au développement du catalan. Faudra-t-il entrer dans un système d'accords transfrontaliers ou interrégionaux pour trouver une solution à l'enseignement bilingue en Catalogne Nord?




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Aujourd'hui, le nombre de personnes qui souhaitent apprendre ou se perfectionner en catalan augmente. D'après Média Pluriel (1998), la proportion est plus élevée dans les municipalités de plus de cinq mille habitants que dans les petits villages. Cette proportion concerne plutôt les jeunes (37% de 18–24 ans) que les personnes plus âgés (8%). Bien que jusqu'à nos jours, l'éducation ait été un des facteurs les plus efficaces d'acculturation et d'assimilation à la culture française, l'éducation peut être aujourd'hui un outil permettant d'aller dans une direction contraire. Il conviendrait, en effet, d'introduire une éducation qui ne prend pas seulement en considération les minorités historiques de la France, mais aussi les revendications linguistiques et culturelles quelques fois autonomistes ou indépendantistes des DOM-TOM (Départements et Territoires d'Outre-Mer) ainsi que les demandes des autres groupes immigrants résidant en France. Il faudrait donc considérer la réalité sociale et linguistique de chaque région et prendre en compte la nature de l'immigration et ses implications dans la politique linguistique pour instaurer une éducation antiraciste, antisexiste basée sur l'intégration, la solidarité, le respect et la liberté et qui accepte donc la pluralité des cultures et le plurilinguisme.

Un autre aspect à souligner dans ce changement de mentalité est que le visage de l'Europe est en train de se redessiner. Avec l'Union Européenne, les frontières deviennent les points les plus faibles des états centralistes, et c'est l'endroit où les rapports transfrontaliers vont se développer le plus. Ainsi, en 1982, l'Université de Perpignan a-t-elle créé un département de catalan (l'IFC, Institut Franco-Catalan, pour l'enseignement) et un centre de recherche (l'ICRESS, Institut Catalan de Recherche en Sciences Sociales, pour l'investigation pluridisciplinaire) réunis finalement sous l'IFCT, Institut Franco-Catalan Transfrontalier (cf. http://portalcat.univ-perp.fr/index.htm ). En 1999, on crée deux cours de doctorat (l'un de langue catalane et l'autre de droit, institutions et société de la Catalogne et de l'Andorre), et un mastère de relations transfrontalières ainsi que toute une série de laboratoires scientifiques associés à d'autres dans les Pays Catalans ; et depuis 2003, la Licence professionnelle d'Activités et Techniques de la Communication (traduction et interprétation). Par ailleurs, un réseau transnational de recherche en sciences humaines et sociales dans la zone méditerranéenne est également mis en place pour intensifier les coopérations franco-espagnoles, particulièrement avec l'aire catalane. Cet effort de rapprochement avec l'Espagne, et plus particulièrement avec la Catalogne, est une constante depuis 1999 avec la création de l'Institut Joan Lluís Vives. Cet Institut est une association déclarée par convention par le gouvernent autonome de la Catalogne (la Generalitat), qui regroupe quinze universités des Pays Catalans en Espagne et l'Université de Perpignan.

Une autre question importante est que la Catalogne Nord n'a pas de contrôle sur son destin, puisqu'elle est, dans certains secteurs, gouvernée économiquement, politiquement et culturellement depuis Paris. La Catalogne Nord a vécu pendant longtemps le dos tourné à la frontière. Mais cette situation a changé avec la création de l'Union Européenne. La crise de l'agriculture, la reconversion au tourisme comme activité principale de la région, ont signifié l'ouverture de nouveaux secteurs économiques et commerciaux vers l'Europe et ainsi vers le Sud. D'ailleurs, la Casa de Catalunya de Perpinyà ouvre ses portes en 2003 ; un premier geste concret vers la normalisation des relations intercatalanes. Barcelone a une grande vitalité et un dynamisme non seulement dans le domaine culturel, mais aussi économique et politique. C'est pourquoi, l'union de la Catalogne Nord avec celle du sud est non seulement importante mais aussi indispensable. Pour cette raison, depuis l'arrivée à la mairie de Perpignan de politiciens catalanistes, Perpignan a déjà commencé à se développer vers le sud, en renforçant ses liens culturels, économiques et politiques. Si la langue catalane génère des emplois, on peut donc espérer un développement de la langue catalane dans les secteurs de l'enseignement, du commerce et du tourisme. On voit déjà se développer l'emploi du catalan associé au français un peu partout. Du panneau de signalisation a l'entrée de la ville, "Perpignan/Perpinyà" au slogan bilingue de la mairie, "Perpignan la catalane/ Perpinyà la catalane" (cf. www.mairie-perpignan.fr ) ou de l'Université "Université de Perpignan/Universitat de Perpinyà"( www.univ-perp.fr ). Plus récemment, on voit l'apparition d'une version catalane de sites officiels sur Internet (cf. de l'USAP, le club nord-catalan du sport dominant dans la région : le rugby (www.usap.fr ), au festival international de photojournalisme (www.visapourlimage.com ) ou prochainement le site officiel de l'Office de Tourisme de Perpignan (www.perpignantourisme.com ). En outre, d'après l'enquête de Média Pluriel (1998), 68% de la population souhaite qu'on développe les supports bilingues français - catalan, de la signalisation et des indications des rues jusqu'à l'étiquetage des produits (Motzfeldt 1995).




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Pont entre la France et l'Espagne, Perpignan situé à côté de Barcelone devient une ville satellite dans le macro-triangle Barcelone-Milan-Lyon et dans le micro-triangle Barcelone-Toulouse-Montpellier. En 2003, de nombreux projets transfrontaliers sont en train de ce concrétiser. L'avenir de Perpignan semble donc très lié au devenir de Barcelone. On assiste à la création de l'Europe des régions qui revient à l'union historique entre l'Occitanie et la Catalogne au XIIe siècle et à la confédération culturelle, économique et politique des Pays Catalans de jadis.

L'indifférence et l'hostilité des institutions qui bloquent les initiatives en faveur du catalan, si elles n'ont pas disparu, comme l'ont montré les tensions médiatiques entre des représentants locaux de l'Etat et des entités culturelles qui militent en faveur de la langue et de la culture catalanes en Catalogne Nord, semblent pourtant être en voie de disparition. Malgré certaines initiatives ministérielles, comme par exemple la sentence judiciaire de 2001 en faveur de l'orthographe de la toponymie en catalan (Becat 2000: 31), beaucoup de Catalans du Nord sont convaincus que la politique centraliste, qui ignore totalement le sud, ne changera pas (Média Pluriel 1993). Ainsi le développement du catalan se fera-t-il plutôt grâce au Conseil Général des Pyrénées Orientales (www.cg66.fr ), mais surtout à la Generalitat de la Catalogne (www.gencat.net ). L'ambiance politico-sociale en Catalogne Nord telle qu'elle fut jusqu'à nos jours toujours si dépendante de Paris est-elle en train de changer aussi?




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Aujourd'hui, les langues minoritaires de la France bénéficient des préjugés favorables de l'opinion publique et du pouvoir politique. De la mairie de Perpignan, en passant par le Président de la région Languedoc-Roussillon, aux ministres de l'éducation, et même aux Présidents de la République Française, presque tous sont d'accord pour favoriser le développement de la culture et de la langue catalanes. Malheureusement, jusqu'à présent, le catalan en Catalogne Nord a été seulement utilisé dans le domaine du tourisme et et avec un caractère folklorique. Il a été aussi cultivé marginalement par des groupes d'intellectuels. De nos jours encore, la présence du catalan dans les mass médias locaux comme la TV et les journaux ne peut être appréciée, parce que là domine sans restrictions le français (cf. www.lindependant.com et www.france3.fr ). On traite encore avec peu de dignité la langue et la culture catalanes en leur accordant une place presque toujours très marginale et folklorique.

Aujourd'hui, il n'existe pas encore de loi officielle qui reconnaît les droits linguistiques des minorités dans le territoire français. En Europe, la France fait partie des États rétrogrades sur ces sujets, et c'est le dernier pays à vouloir accorder aux régions un certain nombre de compétences. Même si la loi constitutionnelle de 1994 introduit avec ambiguïté que la langue de la République est le français "sans préjudice aux langues régionales", cependant la France a signé, mais n'a jamais ratifié ni la Charte Européenne pour les Langues Régionales ou Minoritaires, ni la convention-cadre pour la protection des minorités nationales. Et pourtant la France a exigé que tous les pays candidats à l'adhésion à l'Union européenne signent et ratifient obligatoirement les deux textes.

Si, d'une part, les conditions de vie moderne favorisent le développement chaque fois plus rapide et diversifié de la communication au niveau international beaucoup plus qu'au niveau régional, d'autre part, l'augmentation du développement de superstructures économiques entraîne, en même temps et en contrepartie, un développement ethnique et culturel d'infrastructures. Actuellement, l'anglais est la langue internationale de la communication, mais l'usage de l'anglais ne doit pas être perçu comme une menace, mais comme une solution. L'anglais est déjà la lingua franca du présent et son usage peut être une chance pour les langues moins parlées, parce que, finalement, avec l'anglais comme première langue, toutes les autres langues se trouveront au même niveau, et il sera plus facile de les protéger toutes.


L'avenir

Aujourd'hui, la Catalogne Nord bénéficie d'une double culture franco-catalane, car elle appartient à la même culture que la Catalogne du sud, mais, aussi, depuis trois cent ans à celle de la France. Cette transculturation a aussi apporté des aspects positifs et une nouvelle réalité sociolinguistique dont il faut profiter. Deux langues ou plusieurs peuvent cohabiter sur un même territoire sans que l'une chasse les autres. Qui pourrait s'imaginer que le catalan soit une menace pour le français en Catalogne Nord? Aujourd'hui, les conditions sont plus favorables à ce que les Français soient conscients de la richesse du patrimoine culturel et linguistique de la France. Combien de pays en Europe peuvent-ils se vanter non seulement d'un patrimoine culturel et historique composé de quatre langues latines, une celte, deux germaniques, une non indo-européenne, mais aussi de l'apport linguistique des DOM-TOM et des nouvelles immigrations. La grandeur de la France est aussi cet immense patrimoine pluriculturel et plurilingue. Et pourtant le temps du mépris pour ce qu'on a appelé les patois ou langues régionales n'est peut-être pas encore tout à fait révolu, en raison de l'inertie séculaire du gouvernement français ou des interférences des représentants locaux ainsi que d'une partie de la société. La lutte pour la défense et la promotion des langues et cultures de France est donc loin d'être finie. L'État français, plus préoccupé par la perte dans le monde de l'importance du français semble seulement s'acharner, en France et à l'étranger, à diffuser et défendre la langue française. Même si la recherche scientifique de langues régionales s'est développée considérablement et l'enseignement a fait des progrès un peu partout en France, pourtant la lenteur du progrès et l'extrême discrétion donnée aux autres langues de France, en matière d'éducation, dans les mass médias et le manque d'appui institutionnel peuvent être très décourageants.




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Cependant le progrès social du catalan obtenu en peu de temps dans l'ensemble des Pays Catalans et la dynamique sociale des habitants de la Catalogne Nord ces dernières années sont très prometteurs. Il suffit de comparer et de regarder il y a quelques années pour voir que la situation actuelle est très positive et le progrès énorme. Aujourd'hui, la Catalogne Nord peut non seulement regarder le progrès que la langue catalane a fait dans le sud grâce à la planification linguistique, mais aussi compter sur le développement de nombreux projets transfrontaliers. Mais le catalan en Catalogne Nord est encore dans une situation de grande pauvreté et de marginalisation. Le catalan ne devrait pas se limiter à un rôle culturel, mais devenir le moyen naturel de communication sociale. Tant que le catalan ne sera pas décrété langue officielle en Catalogne Nord et qu'une politique de normalisation linguistique n'y sera pas mise en place, l'avenir du catalan en Catalogne Nord continuera-t-il à être précaire, limité et son maintien artificiel?

Il semble qu'on ait perdu parmi la majorité des habitants de la Catalogne Nord la transmission "naturelle" du catalan des parents aux enfants. La transculturation des habitants de la Catalogne Nord a débouché sur une nouvelle identité ni tout à fait catalane, ni tout à fait française, une identité où il est possible d'être catalan et de savoir parler seulement le français. Ainsi l'objectif principal pour récupérer le catalan est-il d'assurer la continuité intergénérationnelle de la langue ; car «Si un dia el català desapareix no serà perquè els no-catalanoparlants no s'hauran afegit, sinó perquè els catalans hauran abandonat sa propia llengua». (Vallverdú 1992: 134). On devrait donc encourager les jeunes couples à parler catalan à leurs enfants et à rencontrer d'autres couples pour construire des réseaux sociaux authentiques qui feraient à nouveau du catalan une langue vivante, comme on a réussi à le faire dans le sud. Une fois arrivé à une certaine stabilité, il faudra encourager sa diffusion et étendre ses domaines d'usage, puisqu'il ne s'agit pas de préserver une culture et une langue minoritaire pour un cercle restreint d'académiciens ou un petit groupe d'intellectuels. Le grand défi, c'est d'embrasser toute la population nord-catalane. L'existence actuelle de groupes, même s'ils sont minoritaires, qui se sont déjà engagés dans la promotion de la langue et de la culture catalanes dans tous les domaines sociaux, est très remarquables parce qu'ils sont les précurseurs de changements sociolinguistiques: il suffit de voir les nouvelles attitudes générales très positives de la société nord-catalane.




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Si l'éducation dans le processus de la planification linguistique doit continuer à être l'objectif numéro un, il ne faut pas négliger la grande lacune d'offre des mass médias en catalan. L'importance des médias dans le maintien ou la revivification d'une langue minoritaire est reconnue (Williamson et Van Eerde 1980, Baker 1992). A l'heure actuelle, où Internet est le premier outil utilisé en recherche et donc en information, il manque encore en Catalogne Nord, à l'image de Vilaweb avec sa rubrique locale sur Perpignan (cf. www.vilaweb.com/locals/perpinya/index.html ), l'implantation de journaux électroniques faits par et pour les nord-catalans, qui feraient le contrepoids aux autres journaux en français.

D'ailleurs, à notre époque où l'audiovisuel a tellement d'impact, le catalan semble avoir récupéré en Catalogne Nord l'image d'une langue et d'une culture modernes : la radio et la télé barcelonaises Flaix FM (cf. http://www.flaixfm.net ) et Flaix TV (http://www.flaix.tv ) sont devenues depuis 2001 à la mode aussi parmi la jeunesse nord-catalane. Plusieurs types de collaborations sont en train de se développer sous forme de co-productions ou d'échanges, au niveau des réseaux câblés en particulier. Si la création d'une télévision locale en catalan pour la Catalogne Nord, à l'image de Radio Arrels, la radio nord-catalane 24 heures en catalan (cf. www.arrels.net ), n'a pas encore vu le jour, on vient de commencer en 2003 les émissions de Canal Nord (http://www.ctvl.org/tvfigueres ), la première télévision catalane transfrontalière . Ainsi peut-on parier que les futures chaînes locales et les télévisions transfrontalières qui vont se déployer dans les prochaines années feront appel à ce type de coopérations transfrontalières, qui impliquent une relation de proximité, mais aussi des raisons identitaires et économiques. En fait, la situation sociale pour la normalisation linguistique des mass médias n'a jamais été aussi favorable qu'aujourd'hui.


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Centre de Documentació en Sociolingüística
http://cultura.gencat.net/llengcat/cds

Transcat (Observatoire des relations transfrontalières)
http://www.univ-perp.fr/ifcet/icress/web_obsrtf/indexgeneral.htm )


Sites WEB d'interêt

Institut Franco-Catalan Transfrontalier de l'Université de Perpignan
http://www.univ-perp.fr

Direction Générale de Politique Linguistique de la Catalogne
http://cultura.gencat.net/llengcat

INSEE – Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques sur la France
http://www.recensement.insee.fr

Conseil Général des Pyrénées Orientales
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