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Chiara Rolla (Genua)



Perspectives narratives au féminin sur la Toile: Amélie Nothomb et Marie Darrieussecq



French Women's Contemporary Fiction on the Web: Amélie Nothomb and Marie Darrieussecq
What are the new critical perspectives that the multi medial instruments open and offer to common readers but also to academic researchers? Looking at the contempory french literary production, for instance, we note that most of the writers have a personal web site, and that they actively contribute to its organization and content. Is this an 'innocent' situation, or does it imply any risks? For example: is it possible to say that the authors in this way can influence the readings of their works and, by doing so, limit the rights and freedom of the readers, imposing their personal point of view and critical interpretation? The essay tries to answer these questions concerning the very present problem of the relationship between literature and Internet through an analysis of the structures and the contents of three web sites devoted to two contemporary french novelists, Amélie Nothomb and Marie Darrieussecq.



1 L' "extrême contemporain" et Internet: considérations en guise d'introduction1

C'est une tâche très difficile que de délimiter le panorama narratif dit de l' "extrême contemporain", s'il est vrai en premier lieu que "près de quatre cents romans paraissent à chaque rentrée littéraire, en septembre [,] auxquels il faut ajouter ceux dont la publication intervient au fil de l'année" (Viart 2002: 133). D'illustres critiques universitaires et spécialistes du secteur ont récemment proposé quelques tentatives de classification et d'analyse, en en reconnaissant, toutefois, les limites évidentes dues à la difficulté inévitable à s'orienter dans cet immense océan d'écrivains et d'œuvres, à l'intérieur duquel le jugement du temps n'a pas encore distingué entre la littérature d'aujourd'hui et celle qui sera la Littérature à jamais.2

Par conséquent cette étude ne veut pas être une contribution au débat in progress autour de l' "extrême contemporain", mais plus simplement une illustration des nouvelles frontières que le travail du critique littéraire, en particulier celui qui s'intéresse à la littérature contemporaine, a aujourd'hui franchies: grâce à l'intervention des technologies, des perspectives très originales s'annoncent pour le chercheur, qui doit avant tout être capable et disponible à organiser son travail d'une façon tout à fait nouvelle. En effet, à travers les sites qui leur sont consacrés on peut connaître et étudier des écrivains encore vivants, voire souvent entrer en contact direct avec eux grâce au courrier électronique.

Une production à laquelle, par la force des choses, manque une base critique de référence, trouve donc dans la Toile des opportunités inespérées: sans aller jusqu'à déceler la naissance d'une littérature téléchargée, toutefois les potentialités du web assurent à l'écriture contemporaine une diffusion sans égaux dans l'histoire de la littérature.




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Il faut en tout cas rappeler que la Toile offre pour sa nature des possibilités infinies de recherche, mais autant de pièges sont aux aguets. Et de ce point de vue nombreuses sont les analogies, positives et négatives, qui apparentent le statut et la nature du web à ceux de la littérature contemporaine. Avant tout l'extrême vitalité, caractéristique essentielle du contemporain, qui exploite Internet dans toutes ses potentialités: étendue, rapidité, richesse. Mais un risque existe et il résulte de la promiscuité et du caractère 'démocratique' de la Toile, véritable melting pot3 où, tous, Littérature et littérature industrielle et commerciale,4 trouvent leur place avec la création d'un site. Dans le domaine qui nous concerne, cela éveille des soupçons quant à la nature des sites culturels. Les observateurs ont en effet déjà souligné les dangers cachés dans la prolifération des moyens de communication de masse, qui tendent à tout mettre sur le même plan, risquant, par conséquent, de fausser le goût du public en l'induisant souvent en erreur. Déjà en 1993 Alain Nadaud se demandait comment la littérature peut se rapporter avec les lois économiques du marché libraire (Nadaud 1993a). L'ambiguïté intrinsèque du statut de la littérature, qui est et, en même temps, n'est pas une marchandise, fait que, pour exister, elle doit être vendue et achetée: elle a donc besoin d'un lecteur. Nadaud mettait en garde du danger que l'auteur court en même temps que le lecteur par l'abus des médias et il parlait de malentendus causés par l'entremise insistante des moyens de communication. Dans une interview parue à l'occasion de la sortie de Malaise dans la littérature il avait affirmé que "la littérature a tout à perdre à s'abaisser pour accroître artificiellement son lectorat" (Nadaud 1993b). L'on sait, par exemple, que les entretiens avec les auteurs, du colloque imprimé dans le journal aux émissions radiophoniques, ne sont pas les nouveautés de ces jours. Les écrivains du XXe siècle se sont souvent prêtés au jeu du journaliste pour se présenter au public, ou pour se faire tout simplement de la publicité. Mais ce qui a changé, depuis très peu d'années, c'est la facilité avec laquelle circulent les entretiens sur la Toile, interviews qu'on peut légitimement appeler entretiens "d'auteurs", puisqu'on leur permet de se présenter personnellement aux lecteurs, aux critiques, aux chercheurs. Mais cette facilité d'accès, qui a radicalement modifié les méthodes de la recherche littéraire, dans quelle mesure est-elle à même de garantir la fiabilité des contenus?5

Dans ce panorama un peu troublant et ambigu, caractérisé par une horizontalité sans hiérarchie qui engendre souvent une confusion qualitative troublante, c'est donc au chercheur et au critique qu'il appartient d'avoir la capacité de s'orienter dans une jungle de sites et de links, qui peuvent conduire loin, mais aussi désorienter.

En effet Internet, dans son étendue, est pour sa nature précaire, volubile, mutable, instable. Dans ce sens aussi il pourrait être en syntonie avec la littérature contemporaine, qui, par ses contours encore décidément flous, est l'expression d'une génération qui a fait de la constatation du provisoire (Proguidis 2002: 44), de la circonspection, de la "méfiance à l'égard de toute autorité", d'un certain "penchant pour l'individualisme et une relative marginalité, d'un refus des regroupements, des écoles et des esthétiques communes, son propre statut" (Nadaud 1997: 86). La Toile permet alors de dire, de démentir, de se contredire, d'entrer en contact avec tout le monde et avec personne, cachés, si l'on veut, derrière l'anonymat et la solitude de son propre ordinateur. C'est le lieu privilégié des vérités, mais aussi des contradictions, image parfaite de la précarité de la vie et du monde moderne, dont beaucoup d'écrivains parlent dans leurs œuvres.




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Est-on peut-être en train de vivre, au début de ce nouveau millénaire, une crise semblable "à celle qui marqua à la fin du XVe siècle 'l'apparition du livre' [...] où on passa du manuscrit copié et recopié en petits nombres d'exemplaires à l'imprimerie pour diffuser aussitôt un même ouvrage en des centaines d'exemplaires?" (Schmidt 1997: 119)

Seulement le temps pourra donner une réponse à ces questions. Pour le moment qui s'intéresse d' "extrême contemporain" se limite à observer et à étudier, dans la mesure du possible considérée son étendue, l'énorme production narrative qui envahit chaque année les étalages des libraires; et à se servir, toutes les précautions prises, des nouveaux instruments et pistes de recherche que la technologie met à sa disposition.


2 Sites d'amateurs / sites professionnels, sites d'auteur / sites sur l'auteur: existe-t-il un 'statut' pour ces lieux virtuels?

A l'intérieur de l'étendue incroyable de matériau qu'Internet offre, il faut faire une distinction importante entre les sites conçus par des amateurs (qui peuvent être aussi des 'professionnels', mais qui agissent alors en dehors de leur institution) et ceux que patronnent très officiellement des organismes divers (groupes de recherche, équipes universitaires, etc.). Les premiers sont souvent originaux et communicatifs, étant fondés sur une passion qu'on désire partager avec les internautes. Leur limite, du point de vue de la recherche scientifique, réside dans la fiabilité très relative de ce qu'ils mettent en ligne. Même les sites institutionnels ne sont pas irréprochables, mais leur avantage évident tient à la disponibilité d'une main d'œuvre compétente, capable de travailler sur des volumes de données très importants dans le cadre de projets de recherche à long terme.

En ce qui est de la deuxième distinction, site de / site sur l'auteur, elle se rapporte directement et visiblement à la littérature de l'extrême contemporain. Le phénomène des sites d'auteur ne peut, en effet, que concerner des auteurs vivants, qui, avec la Toile, ont trouvé un canal très direct et vaste pour se faire connaître, comprendre et très souvent, pour se faire aussi de la publicité. Les trois sites qu'on analysera sont représentatifs, d'une manière ou d'une autre, des catégories qu'on vient de mettre en relief. Et leur examen cherchera à mettre en relief que ces sites ont des caractéristiques communes, un pattern, une sorte de 'statut' qu'ils partagent.

Cette étude voudrait alors compléter les considérations que déjà ailleurs nous avons faites (Rolla 2003), pour mettre encore une fois en évidence le changement de perspectives et d'habitudes qu'a eu lieu pendant ces dernières années: en effet la littérature contemporaine, et le roman en particulier, se trouve, se consulte, se crée, voire se vend sur la Toile; situation que le travail du chercheur ne peut absolument ignorer.

Ayant déjà analysé deux sites de romancières contemporaines, Anne Françoise Garréta et Christine Angot, mis en parallèle et en contraste avec deux sites 'au masculin', celui de Christian Bobin et de Michel Houellebecq (Rolla 2003), nous voulons ici illustrer trois autres sites personnels de deux jeunes écrivaines: il s'agit d'Amélie Nothomb, consultable à deux adresses différentes, et de Marie Darrieussecq. Le choix est encore une fois arbitraire, car beaucoup d'autres sites s'offrent à l'internaute qui surfe: mais, comme on a vu, même l'arbitraire correspond à la philosophie de la Toile.




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3 Amélie Nothomb

Cette écrivaine belge est née à Kobe, au Japon, le 13 août 1967. Son père étant diplomate, elle suit ses parents en Chine, aux États-Unis, en Birmanie, au Laos puis au Bangladesh. Petit enfant et adolescente, tous les trois ans elle déménageait pour l'autre bout du monde. A 17 ans elle découvre son pays d'origine, la Belgique, et elle commence ses études de philologie à Bruxelles. C'est aussi l'époque où elle commence à écrire, ce qui devient très vite une 'nécessité vitale'. En 1988, après avoir obtenu l'agrégation de philologie ancienne, elle retourne au Japon, où elle exerce le métier d'interprète. En 1992 elle a déjà écrit une dizaine de romans qui resteront dans ses tiroirs, jusqu'au moment où elle décide d'envoyer Hygiène de l'assassin aux éditions Albin Michel. Six mois plus tard, c'est la notoriété. Ce livre se vend à 50.000 exemplaires, est traduit en plusieurs langues et obtient les prix Alain Fournier et René Fallet. C'est à partir de cette période qu'Amélie Nothomb, qui écrit plus qu'elle ne publie, sort avec une régularité de métronome un livre par an.6 Après Le sabotage amoureux, elle écrit un dialogue, Les combustibles. Parallèlement, son premier roman, Hygiène de l'assassin, est d'abord adapté à la scène par Gérard Desarthe, avec Jean-Claude Dreyfus et ensuite à l'écran par François Ruggieri (1999). Cette même année elle publie Stupeur et tremblements. Cet ouvrage, vendu à plus de 400.000 exemplaires, obtient le grand prix du roman à l'Académie Française. En 2000 elle assiste à la mise en scène de Les combustibles et, à la rentrée, elle fait paraître Métaphysique des tubes. A partir de cette période elle se découvre aussi auteur de chansons pour une amie, la chanteuse Robert. 2001, 2002 et 2003 sont respectivement les années de Cosmétique de l'ennemi, Robert des noms propres et Antéchrista. Il ne nous reste qu'attendre septembre 2004 pour voir ce que cet auteur si "prolifique"7 proposera à son public à la prochaine rentrée.


3.1 "Mademoiselle Nothomb"8

 

Fig. 1: Le site "Mademoiselle Nothomb"





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Ce site, très captivant pour son graphisme et très intéressant et complet pour les informations qu'il contient,9 pose dès l'ouverture le problème de l'officialité; pour quelques secondes, en effet, apparaît sur la page d'accueil une bannière, reproduisant cette dédicace autographe:

 

Fig. 2: La dédicace autographe


La romancière semblerait être donc l'auteur de son site, ou, au moins, y collaborer activement.10

La page d'ouverture présente, à côté de la couverture de son plus récent roman, Antéchrista, le sommaire du site. Il est divisé en deux grandes sections: la première, "Découvrez l'univers fascinant d'Amélie Nothomb...écrivaine à part", contient toute une série de links vers d'autres sous-sections destinées à illustrer la vie, les œuvres, le monde de l'auteur. La deuxième, "Outils du site", comprend le Forum, le contact avec les webmestres et la Mailing Liste.

La première page est "Sp&cial: Antéchrista". Ici on trouve quelques notices sur le roman paru en août 2003, les dates des rencontres que la Nothomb a consacrées, à la rentrée, à la présentation de son dernier ouvrage et trois articles de presse parus en août et annonçant la sortie d'Antéchrista.

Le click suivant est sur "News et mises à jour". Cette section recueille les notices les plus récentes sur l'auteur, son activité, les parutions sur la presse ou les passages à la télé, informations souvent signalées par les mêmes surfeurs du site. Sont annoncées aussi les mises à jour des autres sections et les nouveautés du site, dates, photos, articles insérés pour la première fois.




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La page "Œuvre" contient les douze "enfants de papier" publiés de 1992 à 2003. Chaque roman est présenté par la reproduction de sa couverture, un bref résumé et le lien vers une autre page contenant tous les articles, français et étrangers, que la presse a consacrés à l'œuvre dont il est question. Plus de cent vingt documents sont disponibles et le tout est, bien sûr, consultable en ligne et entièrement déchargeable.

La section "Une vie", dont s'occupe Alain Bugnard,11 offre "un petit voyage dans le monde troublant, et parfois même dérangeant, d'Amélie". La biographie de la romancière, accompagnée par des photos, est divisée en cinq parties résumant les étapes fondamentales de son enfance, de son adolescence et de sa carrière d'écrivain.

La rubrique "A consommer sur place" est un véritable "drive-in"12 à travers lequel accéder à quelques textes ou films inédits de l'auteur, tandis que la section "And Co. Ou quand Miss Nothomb va voir ailleurs..." recueille des préfaces signées par la Nothomb, ou des textes divers parus en des ouvrages collectifs. La collaboration de l'internaute est toujours la bienvenue, car le webmestre offre la possibilité de lui mailer n'importe quel autre texte non signalé dans cette liste manifestement non exhaustive.13

Suit la section "Adaptations", consacrée aux mises en scène cinématographiques ou théâtrales des œuvres d'Amélie; elles sont présentées à l'aide d'images, de brefs commentaires et d'un link au site officiel du film Stupeur et tremblements, pour lequel il est aussi possible d'en acheter on line la bande originale.

Très particulière est la rubrique "Concurrence":14 ici Alain Bugnard offre, chaque semaine, une critique de livres ou de films de la "concurrence". On y trouve Callas forever de Franco Zeffirelli, ou des conseils de lecture concernant, parmi beaucoup d'autres, Philippe Besson, Yoko Ogawa, Patrick Süskind. Neuf pages d'archives complètent cette section, riche même en links vers d'autres sites.15

"Flash" présente des images d'Amélie, avec son inséparable bonnet, prises au Salon du livre de Paris en 2002. Elle précède, dans le sommaire d'ouverture, une autre rubrique très riche et intéressante, "Celle qui tue", dédiée à Robert, la chanteuse avec qui Nothomb partage, depuis quelques années, non seulement le travail, mais aussi la vie. Cette section est vraisemblablement une sorte de site dans le site, où un sommaire très ample nous fait découvrir, tour à tour, le monde de la chanteuse et sa collaboration artistique avec Amélie. Un portrait, des interviews, la discographie complète, des photos, les textes des chansons signées par notre auteur, dont quelques-uns reproduits dans l'original autographe, et des extraits sonores ouvrent la porte de l'univers de cette "troubadouresse du monde moderne", protagoniste du roman Robert des noms propres.

Dans "Pocket" on trouve la liste des œuvres de notre écrivaine sorties en édition de poche. Elles sont toutes présentées par la reproduction de la couverture, la description du volume, et parfois par quelques brefs commentaires tirés des magazines ou quotidiens qui en ont parlé.

"Terres d'ailleurs" nous fait découvrir l'univers d'une des rares "écrivaines francophones à être éditée dans autant de pays et à avoir un tel succès, notamment aux États-Unis". De la Corée à la Catalogne, en passant par les éditions italiennes, polonaises, tchèques, allemandes ou chinoises, chaque titre est accompagné par son éditeur, ainsi que par sa couverture.




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"Dates" clôt la première macro-section du site en proposant, même par le renvoi à la rubrique "News et mises à jour", les dates des apparitions publiques les plus récentes de l'auteur.

Quatre sont les "Outils du site": le premier est le "Forum", lieu où l'on peut "débattre avec d'autres Nothombosophiles"; "Bannière du site" offre la possibilité d'insérer la bannière de ce site sur nos pages web éventuelles; "Mail" met en contact avec les webmestres, Mes Moires et Lou, de l'identités desquels on ne sait rien.16 Enfin il y a la "Mailing Liste", qui nous permet, en envoyant un mail,17 d'être tenu au courant des mises à jour du site.


3.2 "Amélie Nothomb sur le Web"18

 

Fig. 3: Le site "Amélie Nothomb sur le Web"


Il s'agit d'un site d'amateur sur l'auteur, tout à découvrir pour la complétude des informations recensées et la convivialité de son utilisation. L'internaute peut en effet surfer avec facilité entre biographie, bibliographie, extraits de textes, entretiens et "glossaire" de référence de l'univers nothombien.

Bien qu'un peu sombre – le blanc et le noir se partagent la vedette – l'aspect est très friendly et chaleureux.19 Benjamin Thiry,20 alias Fenrir, le webmestre, nous livre un regard très personnel mais aussi très intéressant du point de vue critique sur le monde d'Amélie Nothomb et il organise son site en le partageant en sept sections présentées dans la page d'accueil.




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"Liminaires" nous offre une véritable introduction au site et à l'auteur qui en est la protagoniste. Le webmestre nous annonce qu'au fil de ces quelques pages web il nous offrira un "petit voyage dans le monde troublant, et parfois même dérangeant, d'Amélie"; on aura aussi l'occasion d'approcher l'écrivaine belge sous les quelques aspects qu'elle nous invite à découvrir au fil de son œuvre artistique. La page héberge, en effet, une sous-section s'intitulant "Biographie", contenant une description essentielle de la vie de la Nothomb.21 Après avoir indiqué les instruments multimédiaux nécessaires pour pouvoir jouir de toutes les possibilités que le site met à la disposition,22 Thiry présente la collaboration de la Nothomb avec la chanteuse Robert, disposant un link vers une page à elle entièrement consacrée ("Robert: Princesse de rien"). Ici il la présente, reproduit les paroles de "L'appel de la Succube" et 27 secondes de cette chanson et dispose les liens vers les trois sites dédiés à l'artiste.23

"Liminaires" se clôt par une dédicace autographe tout à fait nothombienne ("A tous ceux qui viendront sur ce site, mon amitié la plus hygiénique!")24 et par un lien à "Proxis", où, si l'on désire, on peut commander on line les livres d'Amélie Nothomb.

"Écrits" présente la bibliographie de l'auteur et la possibilité d'ouvrir sur des pages critiques concernant les ouvrages répertoriés.25 Ces textes sont pour la plupart26 divisés en deux paragraphes: "Con-Texto", offre le résumé et décrit les personnages, tandis que "In-Texto...Ex-Texto" reproduit quelques extraits de l'œuvre et des commentaires critiques sagaces et intelligents, ce qui permet, au lecteur/surfeur, de mieux cibler ce qui se joue, chez Amélie Nothomb, au sein d'une œuvre littéraire.

"Entretiens" est le répertoire de toute une série de rencontres d'Amélie Nothomb avec ses lecteurs. A la radio, à la télévision – ses apparitions à "Bouillon de culture" sont toutes accompagnées par un fichier vidéo – ou rencontres en face à face, tel le Forum du 17 mars 1999 à la Fnac de Tours avec son amie Robert, tous les liens proposés dans cette page permettent de "nous familiariser avec la philosophie d'Amélie": il faudra seulement se laisser "séduire par son originalité, toucher par sa sensibilité et étonner par ses provocations".

Très intéressant et important pour les notombosophiles est le glossaire que Thiry a rédigé à l'aide de Jeanne Hoesch et du Dictionnaire universel francophone.27 Sous la rubrique "Gloses" une liste évidemment non exhaustive ouvre les portes du monde lexicographique de cette "licenciée en philologie romane boulimique de lectures diverses". On sait très bien, en effet, que les œuvres de la Nothomb ouvrent constamment des fenêtres sur des références culturelles, sans la connaissance desquelles la lecture de ses romans serait incomplète et limitée.28 C'est ainsi que de "adoubement" à "tropisme", en passant aussi par des termes plus simples et d'emploi plus quotidien, Thiry offre, à travers un périple dans les mots et les idées de la langue française, un voyage dans le monde fictionnel de la Nothomb.




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Le site contient aussi une "Mailing List", "Peplum". Elle est née en 1999 et Cédric Laverre29 en est le responsable. Dans cette communauté virtuelle, qui se dit très riche, on se tient au courant de l'actualité concernant l'auteur et l'on y discute les thèmes les plus variés touchant de près ou de loin à la romancière. Dans la "Chambre de discussion en direct", la chatroom du site, il est possible aussi de discuter en direct avec des personnes qui partagent un même intérêt pour la Nothomb.

Le site se clôt par la rubrique "Contacts", dans laquelle le webmestre se présente, remercie et présente aussi ses collaborateurs, en signalant leurs adresses mail. Enfin, au bout de la page, les remerciements à Amélie Nothomb et l'invitation à tous les nothombosophiles à lui écrire à sa maison d'édition, Albin Michel: "Amélie, dit-il, répond à son courrier avec beaucoup de fidélité et de plaisir, malgré son emploi du temps chargé".


4 Marie Darrieussecq30

Née à Bayonne le 3 janvier 1969, cette fille unique d'un père ingénieur et d'une mère professeur de français passera son enfance à Bassussarry, village du Pays basque, à proximité de Biarritz. Très précoce, elle affirme avoir appris à lire toute seule à l'âge de quatre ans dans Astérix. Elle commence très jeune à écrire et en 1982 elle sort lauréate du grand concours de nouvelles de la ville de Bayonne. En 1986 elle obtient son baccalauréat et part pour Bordeaux pour intégrer une khâgne et se préparer à l'École Normale Supérieure. Ce sont les années de ses premières tentatives dans le monde de la fiction narrative, mais elle ne réussit pas à les publier. Agrégée de lettres modernes en 1994, elle achève ses études et, pour gagner sa vie, elle commence à enseigner, quelques heures par semaine, à l'Université de Lille III. En 1996 c'est le succès. Truismes est accepté par quatre maisons d'édition (Grasset, Fayard, Le Seuil et P.O.L) et l'auteur choisit celle qu'elle juge être la plus indépendante: P.O.L. Son premier roman sera vendu à 450.000 exemplaires et traduit en trente-quatre langues. Après une "année de folie" il y aura une période plus sombre, marquée par le divorce de son premier mari et par "l'affaire Marie NDiaye": "Elle m'a accusée de plagiat, ce qui pour un écrivain équivaut à un meurtre. Cela m'a appris que le monde littéraire ressemblait à une jungle [et donc] je me suis beaucoup repliée sur moi-même".31

En 1998 sort Naissance des fantômes et, en décembre, elle soutient sa thèse de doctorat en littérature française ("Moments critiques dans l'autobiographie contemporaine. Ironie tragique et autofiction chez Georges Perec, Michel Leiris, Serge Dubrovsky et Hervé Guibert") à l'Université Paris VII. En 1999 elle signe son troisième roman, Le Mal de mer, dont la première version a été écrite à l'âge de 17 ans. Elle devient mère en 2001 et, cette même année, fait sortir Bref séjour chez les vivants. Son cinquième roman est sorti en mars 2002: Le Bébé.

Marie Darrieussecq, jeune auteur prolifique et "expérimental"32 pour qui "l'écriture est [sa] passion depuis toujours [et sa] colonne vertébrale" (Frey 2001), a une grande confiance dans son avenir de femme et de romancière. En 2001 elle affirmait: "j'ai trente-deux ans, la vie devant moi, et des tas de livres en tête".33




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4.1 "Marie Darrieussecq"34

 

Fig. 4: Le site "Marie Darrieussecq"


Ce site professionnel en quatre langues, français, anglais, espagnol, italien, a été créé par Alain-Philippe Durand, professeur de l'Université de Rhode Island, et par ses étudiant(e)s.

Mis en ligne le 9 mai 2002, il est très exhaustif, friendly et de consultation très simple.35 La page d'accueil, accompagnée de deux photos de l'écrivaine, offre le sommaire et les liens vers les sites de l'université américaine et de P.O.L. Dans cette même page Durand explique les raisons pour lesquelles le site a été créé,36 présente ses collaborateurs principaux37 et les webmestres38 et enfin remercie la Darrieussecq et les éditions P.O.L "pour leur accord, leur participation et leurs encouragements".39

Après la "Biographie" de Martha Holmes, la section "Traductions" répertorie toutes les traductions et les adaptations de Truismes, Naissance des fantômes et Le Mal de Mer. Pour chacune est cité le nom de la maison d'édition qui l'a publiée.




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La rubrique "Liens utiles" offre une liste très riche de sites où trouver des notices, des articles, des textes sur / de Marie Darrieussecq. Plusieurs personnes collaborent à cette section: leurs noms sont présentés tout au début de la page.

"Romans" met en ligne les fiches critiques, mais servant aussi de résumé, des cinq œuvres publiées jusqu'à aujourd'hui par la Darrieussecq. Elles sont tirées des éditions P.O.L ou bien rédigées par quelques collaborateurs du site.

La "Bibliographie critique et sélective" est une page vraiment très riche et représente, sans aucun doute, un répertoire très précieux de tout, ou en tout cas d'une grande partie, ce qui a été écrit à partir de 1996 sur la Darrieussecq. Douze pages web dans lesquelles, par ordre alphabétique, sont classés les textes et les articles de presse, française mais aussi internationale,40 consacrés à l'auteur.

"Comptes-rendus" recueille deux textes critiques écrits par Tiphaine Samoyault,41 le premier concernant Le Mal de Mer et le deuxième Bref séjour chez les vivants.42

L' "Entretien exclusif", recueilli en décembre 2001 par Becky Miller et Martha Holmes, grâce à des questions sagaces, permet à Marie Darrieussecq de donner quelques clés de lecture de son monde fictionnel et personnel.


5 L'impact sur le lecteur-internaute et le 'statut' des sites littéraires

A la lumière de tout ce qu'on vient de mettre en évidence, peut-on alors parler d'un pattern commun aux sites littéraires? Et si oui, y a-t-il peut-être l'intention subtile à répondre à des clichés qui puissent sortir un certain effet, très probablement pré-calculé, auprès du lecteur et l'induire à lire, mais on pourrait aussi dire à acheter, en suivant des indications prédéterminées?

Pour répondre à ces questions il faut avant tout s'interroger sur le lecteur-internaute. Qui est-il? Quelles sont ses caractéristiques principales?

Internet vise le public le plus vaste, du chercheur universitaire au lecteur commun. Pensons d'abord à un lecteur plus 'ingénu', celui qui veut acheter et lire des romans et qui s'adresse à une revue (on line, par exemple) ou à un moteur de recherche quelconque pour trouver des conseils. Une fois trouvé le site, il est bien évident que son premier impact ne sera pas le livre, mais son péritexte virtuel. Celui-ci s'imprimera de façon presque indélébile dans sa mémoire et conditionnera, sans aucun doute, l'achat et la lecture successive éventuelle. Lecture qui ne pourra pas se passer d'être à son tour conditionnée par les informations véhiculées par le site. Cette opération sera donc à la base d'une entente entre auteur et lecteur avant que ne s'effectue entre eux le pacte auctorial: il est légitime de se demander s'il s'agit d'une bonne entrée en matière pour le lecteur, question qui reste évidemment ouverte et qui attend une réponse que seulement le temps pourra donner.

Puis il y a le lecteur critique, doué d'une plus grande capacité de discernement, mais qui pourrait à son tour être influencé dans son jugement par les notices, plus ou moins officielles, que le site contient. On sait bien que l'histoire littéraire est riche en 'étiquettes' collées sur les auteurs et qui ont eu une très longue vie.




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En effet, une fois emmagasinées les données que la Toile offre à pleines mains, il est presque inévitable que l'on passera à une lecture du / des roman(s) évidemment pilotée et conditionnée par l'auteur du site, sinon par le romancier lui-même, qui pourrait régir une véritable opération auto-promotionnelle.

L'impact d'Internet sur l'orientation du lecteur semble être alors vraiment remarquable: la force de tout ce matériau qui apparaît en même temps sur l'écran pourrait vraiment révolutionner non seulement le marché du livre, ce qui est en train déjà d'arriver, mais aussi la réception critique de la littérature contemporaine.

De notre analyse, en fait, il résulte assez manifestement que ces sites présentent tous une structure et des contenus semblables: notices bio-bibliographiques, galerie de photos, entretiens plus ou moins exclusifs, répertoires critiques, liens vers d'autres sites web contenant d'autres informations.43 On a l'impression parfois de se trouver devant de véritables scénarios. Dans leur innocence apparente ces lieux virtuels mettent en évidence, même si en filigrane, un pattern, un modèle à suivre dans leur organisation, ce qui pourrait correspondre à des critères plus proches de la propagande commerciale, que de l'information critique la plus honnête. Ce schéma, il faut l'admettre, a une forte interaction avec le lecteur-internaute, puisqu'il a le pouvoir de le conditionner et d'orienter / piloter sa lecture.

De ces considérations découlent d'autres questions, qui ne sont pas secondaires: quel poids peut avoir alors ce péritexte dans la lecture successive d'une œuvre et dans quelle mesure l'oriente-t-il? Peut-on dire que, suivant un schéma bien défini, on réussit à proposer une image sous-jacente de l'auteur, pré-établie et pré-confectionnée? Et enfin: comment envisager l'emploi critique de tout ce matériau qui nous est offert, d'une manière tout à fait confortable, par un simple click sur le bouton de notre souris? Ce sont des questions adressées principalement au chercheur, mais qui touchent aussi le lecteur le plus commun de roman de l'extrême contemporain. Enthousiasme, disponibilité aux changements, ouverture mentale: il s'agit d'attitudes correctes devant l'essor irréfrénable et les potentialités infinies des nouveaux moyens de communication, mais seulement si accompagnées par une juste prudence et un clair discernement.44


6 Conclusion

Le panorama forcément très limité proposé ici a voulu donner une idée de l'étendue de ressources qui s'ouvrent aux chercheurs du XXIe siècle. Toujours plus nombreux sont les sites dédiés aux auteurs 'classiques' et aux mouvements entrés définitivement dans l'histoire littéraire, disposant tous de banques de données en ligne très vastes.45 A plus forte raison, alors, ces ressources sont indispensables pour qui s'intéresse à l' "extrême contemporain", littérature encore in progress, et dont les informations bio-bibliographiques et notamment les textes critiques auraient été, en d'autres époques, presque inexistants et, en tout cas, difficilement accessibles.




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Mais Internet pose aussi beaucoup de problèmes au chercheur consciencieux et lointain des enthousiasmes enfantins et trop faciles: avant tout la crédibilité, la fiabilité et l'objectivité des informations données. En effet le libre accès et le manque absolu de contrôle qui constituent quelques-unes des caractéristiques fondamentales de la philosophie d'Internet doivent obliger l'internaute à une grande prudence. "L'anarchie textuelle" envisagée par Oliver est sans aucun doute un problème réel que le chercheur doit avoir présent chaque fois qu'il puise aux banques de données virtuelles.46

Et pour revenir aux sites qu'on a pris en examen ici, quel est alors leur degré de crédibilité et d'objectivité? Créés par des lecteur passionnés et enthousiastes, souvent voulus par les auteurs mêmes, ou en tout cas par eux contrôlés et révisés, combien et comment peuvent-ils échapper à la logique auto-promotionnelle, sans doute de propagande et décidément commerciale, qui domine le marché mondial du livre? Et dans cette triste optique, le lecteur est-il encore libre de lire selon ses intentions, ou bien il est d'une certaine manière guidé, obligé à lire une œuvre selon des clés de lecture et des schémas prédéterminés? Et encore: jusqu'à quel point l'instabilité, la volubilité, la mutabilité de la Toile peuvent-elles répondre à l'exigence de points de repère culturels que le lecteur depuis toujours cherche dans la littérature et dont le critique a besoin pour formuler son jugement?47

Je crois que ces questions peuvent trouver leurs réponses seulement dans un emploi prudent et réfléchi d'Internet. Je ne partage pas, en effet, la vision pessimiste et un peu catastrophique dont Oliver se fait le porte-parole:48 la Toile est, en fait, un instrument très utile de recherche et de travail à la disposition du chercheur moderne, qui doit, en tout cas, se garder toujours de la foi aveuglément optimiste dans les moyens multimédiaux qui a contaminé une très large partie de la société contemporaine.49


Bibliographie

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Lire. [http://www.lire.fr]

Università degli Studi di Genova – Facoltà di Lingue e Letterature Straniere Moderne – Sezione Francesistica. [http://www.francesistica-ge.it/R3]


Notes

1 Sur les nouvelles perspectives ouvertes à l'écriture narrative et à la recherche littéraire par les nouvelles technologies voir Galli Pellegrini (2003a); Galli Pellegrini (sous presse); Poli (2003); Rolla (2003).

2 Sur le roman contemporain, à part les deux volumes publiés par le Ministère des Affaires Etrangères (ADPF 1997, ADPF 2002) on peut aussi consulter: Nadaud (1987); Richard (1990); Rabaté (1991); Nadaud (1993a); Viart (1993); Richard (1996); Europe (1997); Brunel (1997); Rabaté (1998); Viart (1998); Viart (1999a); Viart (1999b); Rabaté (1999); Richard (1999); Dambre (2001); Proguidis (2001); Cahiers (2002); Blanckeman (2002); Sarrey-Strack (2002); Galli (2003b).

3 Joël Schmidt, par exemple, voit dans le roman français contemporain une tendance semblable au "melting pot" (Cfr. Schmidt 1997: 124).

4 Viart établit la distinction entre "littérature consentante et concertante" et "littérature déconcertante et critique" (Viart 2002: 134 et suivantes). Même Nadaud souligne que le développement parfois irréfléchi des moyens de communication et de leur pouvoir a causé et cause encore souvent de la confusion auprès du public: "La montée en puissance de ce qu'on a appelé le 'quatrième pouvoir' [...] a contribué [...] à effacer les frontières entre ce qui est littéraire et ce qui ne l'est pas, par conséquent à mélanger les genres et à tout mettre sur le même plan. Cette production frelatée et sans lendemain a parasité jusqu'au roman traditionnel et a fini par saturer le marché, faussant le goût du public, le décevant plus que de raison, l'induisant souvent en erreur, le détournant par amalgame de la littérature proprement dite, marginalisant toujours plus les véritables écrivains" (Nadaud 1997: 92).

5 Cfr. Galli Pellegrini (sous presse).

6 "C'est un rythme dans lequel je me sens bien et le mois de septembre est pour moi aussi apaisant que la rentrée des classes" (Frey 2002).

7 "Cette Belge, un tantinet clownesque, qui raffole de galures en tout genre, de fruits et de légumes pourris, écrit avec un bonnet et un grand manteau de laine des Pyrénées et se déclare 'enceinte' de ses romans, dont elle accouche en moyenne '3,7 fois par an'." (M. Alstadt, http://www.lire.fr/wo_Biographie.asp/idC=38105, 19.12.2003).

8 http://mademoisellenothomb.free.fr. Toutes les notices qu'on mentionnera dans cette étude étaient disponibles en janvier 2004.




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9 La Virtual Library Littérature (Vlib) de "Fabula" (http://www.fabula.org/vlib/) juge positivement ce site et lui attribue trois étoiles.

10 Il est donc difficile d'établir s'il s'agit d'un site d'auteur ou sur l'auteur. Probablement les deux définitions sont possibles, s'agissant, vraisemblablement, d'un groupe d'amateurs, soutenu par la Nothomb, qui s'est occupé de l'organisation du site et s'intéresse, assez fréquemment, de sa mise à jour.

11 Il est possible, par un link présent dans cette page, d'envoyer un courriel à ce collaborateur du site.

12 Il s'agit du sous-titre de la rubrique.

13 On trouve répertoriés dans cette rubrique, parmi d'autres, la nouvelle Le Hollandais ferroviaire parue dans le recueil Balade de A à Z, ou les préfaces à Gainsbourg illustré et à Le chat, ses mystères et ses réalités ou encore La lettre à un ami disparu, contenue dans le volume consacré, après sa mort, à Pascal Duve.

14 Le sous-titre est assez significatif: "...ou que lire quand on a lu tout Nothomb".

15 Il y a la possibilité, par exemple, de se connecter au site officiel du film de Zeffirelli et d'y écouter la voix de la Callas, ou à ceux de quelques-uns des auteurs cités.

16 De ce point de vue, plus de transparence de la part des webmestres serait souhaitable, car elle donnerait une importance et une officialité encore plus grandes au site.

17 mademoisellenothomb-subscribe@yahoogroupes.fr.

18 http://membres.lycos.fr/fenrir/nothomb/amechoix.htm.

19 Cfr. l'évaluation du site formulée par "Vlib" de "Fabula" (http://www.fabula.org/vlib/imprimer.php?id=472, 9.12.2003) et celle de Lire, (http://www.lire.fr/site.asp?idC=41775&idTC=29&idR=242&idG=, 19.12.2003).

20 Dans la rubrique "Contacts" on apprend qu'il est un jeune psychologue bruxellois de 29 ans, travaillant dans un établissement carcéral comme "expert interne rencontrant les détenus admissibles à la libération conditionnelle".

21 Cette page est signée par Ling Chih, à qui il est possible d'envoyer un mail à l'adresse ncucherie@club-internet.fr.

22 Il est possible, par exemple, de décharger librement le logiciel "RealPlayer", nécessaire pour écouter les documents sonores.

23 Il s'agit de "Princesse d'un site" (http://robertlesite.net/index.php); "Colchique" (http://membres.lycos.fr/colchique/); "La page de Sylvain" (http://mapage.cybercable.fr/colchique.net/).

24 Cette dédicace sert, sans aucun doute, à donner plus d'officialité à un site qui semble ne pas jouir, au moins directement et ouvertement, de la collaboration d'Amélie Nothomb.

25 Les textes répertoriés sont les suivants: Hygiène de l'assassin, Le Sabotage amoureux, Les Combustibles, Les Catilinaires, Péplum, L'existence de Dieu, Attentat, Mercure, Stupeur et Tremblements, Le mystère par excellence, Brillant comme une casserole, Métaphysique des tubes, Sans Nom, Aspirine, Cosmétique de l'ennemi, Robert des noms propres, Antéchrista.




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26 Les pages consacrées à Le Sabotage amoureux, Les Combustibles et Antéchrista manquent de la section "In-Texto...Ex-Texto". L'existence de Dieu (texte de six pages paru en 1996 dans "La Revue générale") et Aspirine (nouvelle parue en 2001) sont reproduits entièrement, mais leurs fiches manquent des sections "Con-Texto" et "In-Texto...Ex-Texto".

27 http://www.francophonie.hachette-livre.fr.

28 Le webmestre affirme tout simplement que l'idée d'établir un glossaire nothombien lui est venue "lorsque je saisis mon dictionnaire pour la dixième fois afin de trouver la définition de tel ou tel terme qu'Amélie semble manier avec aisance".

29 Ce personnage est présenté dans la section "Contacts". Il partage avec le webmestre l'intérêt non seulement pour Amélie Nothomb, mais aussi pour une autre écrivaine, Mylène Farmer. Il est décrit comme "le responsable officiel des 'relations sociales' de la communauté des 'péplautes'".

30 Ces quelques lignes biographiques servant de présentation pour la figure de Marie Darrieussecq ont été tirées de la revue Lire (http://www.lire.fr/wo_Biographie.asp/idC=37867, 29.1.2004).

31 Lire, http://www.lire.fr/portrait.asp?idC=37851&idTC=5&idR=201&idG=3 (19.12.2003).

32 C'est l'opinion de Martha Holmes, rédactrice de la biographie de la Darrieussecq présente sur le site qui lui est consacré (http://www.uri.edu/artsci/ml/durand/darrieussecq/fr/biographie.html).

33 http://www.uri.edu/artsci/ml/durand/darrieussecq/fr/biographie.html (14.11.2003).

34 http://www.uri.edu/darrieussecq/.

35 Le "Vlib" (Virtual Library Littérature) du site "Fabula" (http://www.fabula.org/vlib/) lui assigne trois "étoiles", le jugeant de grande qualité et un des plus exhaustifs sur le net. Il a été évalué aussi par http://www.francesistica-ge.it/R3, le site de la section de Français de la Faculté de Langues de l'Université de Gênes, où il a remporté trois "lampes".

36 "Lorsque j'ai préparé mon cours sur le roman français, en 2001, j'ai constaté que Marie Darrieussecq était le seul écrivain au programme qui n'avait pas de site internet. Nous avons alors décidé avec mes étudiants de créer ce site".

37 James Estes, Sarah Feeley, Bruce Fickett, Martha Holmes, Becky Miller, Lisa Muth, Alexis Percival.

38 Il s'agit de Lisa Muth et du même Alain-Philippe Durand, auxquels, à partir de la page d'accueil, il est possible d'envoyer un mail.

39 La participation à laquelle Durand fait référence ne permet pas de définir ce site comme "d'auteur", mais, plus vraisemblablement, comme un site qui jouit de la collaboration de l'écrivaine.

40 En ce qui concerne la France on trouve, parmi beaucoup d'autres titres, des textes tirés de Le Figaro, Le Monde, Le Point, La Dépêche du dimanche, Le temps, Sudouest, L'événement du Jeudi, Elle, Vogue, Les Inrockuptibles, Libération, Le Nouvel Observateur, Lire, L'Express, Le Soir, Magazine Littéraire, La Quinzaine littéraire. Pour la presse internationale il y a des articles tirés de El Pais, The Jerusalem Post, Frankfurter Allgemeine, The Economist, The Washington Post, The Boston Globe, The New York Times, The Irish Times, The Guardian, The Independent, The Sunday Herald, The Times, Financial Times. Parmi les revues littéraires on trouve Australian Journal of French Studies, Review of Contemporary Fiction, The French Review, Romance Studies.

41 Ecrivain et enseignante à l'Université Paris VIII, elle est aussi critique littéraire aux Inrockuptibles et à La Quinzaine Littéraire.




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42 Il s'agit de "Mer cannibale" (Les Inrockuptibles, 17.3.1999) et de "Le monde en ligne – A quoi tu penses?".

43 Ces considérations se basent aussi sur l'analyse d'autres sites, qui a fait l'objet d'une autre étude (cfr. Rolla 2003).

44 A ce propos R. Galli Pellegrini a tout récemment affronté le problème des entretiens d'auteurs si fréquemment présents sur la Toile, en mettant en évidence leur intérêt évident, mais aussi les risques et les pièges qu'ils impliquent: "Alors quelle est la part de vérité pour laquelle nous pouvons faire confiance à ces pages, de jour en jour plus nombreuses et de plus facile accès grâce à leur diffusion sur la Toile? [...] Parce que l'on a l'impression, à lire les réponses volontairement pilotées par les questions formulées dans la plupart des entrevues, que [...] l'extrême rapidité de la Toile entre en concurrence avec les temps du roman de l'extrême contemporain, le pressant vers une production aussi rapide. [Et que] la prolifération des entretiens dispersés sur la Toile, privés de validations à partir de la disparition de l'éditeur ou des comités de lecture, crée une certaine perplexité quant à leur valeur euristique" (Galli Pellegrini, sous presse).

45 Sur les avantages mais aussi les risques graves que la consultation des textes on line comporte voir Oliver (2001). On signale que la revue Histoires littéraires (http://www.histoires-litteraires.org) a une section, "Chronique de l'@", entièrement consacrée aux documents et aux sites d'histoire littéraire française sur le web ou à la discussion des rapports entre recherche littéraire et nouvelles technologies.

46 Oliver propose des solutions opératives pour obvier à ce grave problème: "Existe-t-il une solution? L'idéal serait un engagement collectif à l'échelle du Text Encoding Initiative, travail d'équipe qui, au terme de dix années d'efforts, a généré des normes de balisage des textes électroniques universellement reconnues. A moins qu'une institution comme le CNRS ou la nouvelle Bibliothèque de France ne décide qu'une archive électronique de textes établis conformément aux pratiques scientifiques de la textologie moderne ne vaille l'investissement de ressources considérables, nous sommes voués à l'anarchie textuelle la plus absolue, tellement il est facile de scanner un texte, le mettre en ligne et le semer à tous vents" (Oliver 2001).

47 "Qui envisage d'esquisser un tableau de ce qui compte dans le roman français des dernières années éprouve un embarras sans pareil: que choisir? L'interrogation est moins rhétorique qu'ontologique. [...] Elle est due [...] au fait que nous subissons sans relâche les conséquences d'un monde qui a tout misé sur l'éphémère au détriment du durable" (Proguidis 2002: 43).

48 "Malgré de réels progrès, Internet demeure encore aujourd'hui un médium instable, fuyant, où la rapidité et la facilité d'accès à des quantités illimitées d'informations donne lieu à un sentiment d'hyperactivité engendrant l'impression que l'immédiatement accessible est la seule réalité qui vaille. Ce qui à son tour donne lieu au désir de rendre accessible le plus rapidement possible la somme d'informations intéressant tel individu à tel moment. Il s'agit là d'un processus aux antipodes de la recherche telle que nous l'avons toujours conçue en sciences humaines, celui d'une longue et patiente maturation d'idées nourrie par d'innombrables heures en bibliothèque pendant lesquelles on consulte livres, articles, manuscrits, qui sont eux aussi le fruit d'un processus analogue". Sans aucun doute je partage avec Oliver le souhait qu'il formule dans la conclusion de son article, à savoir la découverte "[d'] un moyen de hiérarchiser les savoirs électroniques et d'en assurer la permanence" (Oliver 2001).

49 Une vision plus objective des avantages et des risques que l'emploi d'Internet dans la recherche littéraire comporte se trouve dans l'article de Pierssens (2000).